Par CAS-INFO
En République démocratique du Congo la course à la montre est engagée. Dans huit mois le pays se rend aux urnes pour les élections présidentielle et législatives. Des scrutins longtemps repoussés mais qui donnent cette fois-ci l’impression de se ternir enfin à la fin de l’année. Mais si tout semble se diriger vers cette échéance tant attendue, un nième report n’est pas à écarter. La faute, à la controverse autour des machines à voter dont le retrait « retarderait les élections », prévenait récemment le président de la CENI, Corneille Nangaa. De leur côté, les principaux partis de l’opposition, l’UDPS, en tête, redoutent plutôt une ultime « manœuvre » du chef de l’État destinée à jouer à nouveau les prolongations. Faisant du temps, devenu de plus en plus limité, un véritable enjeu pour le pouvoir.
« Je confirme à notre peuple que l’UDPS et son Président sont profondément attachés aux aspirations du peuple pour une alternance démocratique au pouvoir par des élections crédibles et transparentes », vient d’expliquer Félix Tshisekedi. Annoncé avec insistance comme un probable futur Premier ministre dans un infini arrangement avec Joseph Kabila, par ce communiqué aux accents Tshisekedistes, le président de l’UDPS mettait ainsi fin à une rumeur persistante, qui commençait à répandre l’odeur d’un énième glissement.
Offrir la Primature au chef de file de la principale force de l’opposition s’avérait en effet pour le président de la république non seulement un moyen de diviser davantage ses adversaires, mais aussi une nouvelle astuce pour gagner du temps. Après avoir « glissé » en 2016 à l’issue de son second et dernier mandat consécutif à la tête du pays, réussi à passer 2017 sans organiser les élections comme le prévoyait pourtant l’accord de la Saint Sylvestre, en 2018, Joseph Kabila est toujours président mais voit la fin de son bail au palais de la Nation approcher cette fois-ci « dangereusement ».
Rassurer son camp
Si dans le camp présidentiel on assure, à l’image du Secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Shadary, se préparer à annoncer « bientôt » les noms des candidats à « tous les niveaux », dans les faits, le nom le plus attendu dans le pays, celui du dauphin de Joseph Kabila, se laisse vraiment désirer. Un suspens voulu ? Difficile à dire. Le fait est toutefois qu’en ce moment où plusieurs partis d’opposition (UDPS, Ensemble, Écidé) déclarent déjà leurs candidats à la présidentielle de décembre 2018, le silence de la Majorité à ce sujet donne l’impression de ressembler plus à une équation difficile à résoudre plutôt qu’à une stratégie d’agir à la dernière minute.
Sous la pression d’une Majorité de plus en plus préoccupée par les nouvelles règles d’éligibilité à l’Assemblée nationale et qui veut des garanties, AFDC et Alliés, de Bahati Lukwebo, ABCE, dirigée par Matenda Kyeulu, s’organisant en groupements politiques au sein de la MP, Joseph Kabila a senti le besoin de réunir les parlementaires de sa famille politique le 16 avril dernier à la cité de l’Union Africaine. Objectif, leur assurer d’une prochaine victoire. Message transmis quatre jours plus tôt aux membres du gouvernement invités à la ferme présidentielle, à Kingakati.
À quelques trois mois du début du dépôt des candidatures, le président de la république bat le rappel des troupes. Histoire de ne pas se laisser déborder par les courants rivaux qui se surveillent dans son propre camp. Mais le plus dur pour le « RaÏs » reste à venir. Désigner un successeur sans provoquer une guerre des clans. Qui ? Où ? Dans combien de temps ?