Par CAS-INFO
C’est le chiffre qu’on retiendra de la visite de Nikki Haley en Republique Démocratique du Congo. L’ambassadrice des États-Unis à l’ONU est venue, elle a rencontré la classe politique congolaise et elle a proposé une date, celle des élections : en 2018.
« Il était important de montrer que chaque jour qu’une élection n’est pas organisée dans ce pays, c’est une femme qui se fait violer, c’est des enfants qui sont enrôlés dans les groupes armés, c’est des jeunes filles qui reçoivent des grossesses précoces. Il est important que nous puissions organiser les élections en 2018 », a expliqué Nikki Haley, à l’issue de sa rencontre avec les responsables de la CENI.
Nikki Haley qui a rencontré le chef de l’État en fin de journée a répété le même message . La diplomate américaine a clairement appelé le président de la république à dire que les élections doivent être organisées en 2018. « Il a la capacité de les soutenir ou non. Mais nous, nous avons la capacité de prendre nos décisions en fonction de cela », a-t-elle prévenu.
« Ce n’est pas à un gouvernement étranger de fixer le calendrier électoral »
Il s’agit d’un premier appel, sans ambiguïté, depuis le début de la crise en 2016, d’un responsable international de haut rang, adressé directement au chef de l’État lui demandant d’organiser les élections. Alors que la CENI vient de renvoyer à 2019 la possibilité de voter, une perspective soutenue par la majorité présidentielle, « la position des États-Unis sonne comme un désaveu contre la CENI et le Pouvoir en place », décrypte sous, l’anonymat, un chercheur à l’Université de Kinshasa. Pour notre analyste, les États-Unis ont usé un langage diplomatique pour siffler la fin de la recréation. « Il lui [Joseph Kabila] ont désigné la porte poliment ».
Il faut dire que la proposition des États-Unis fait écho – à quelques non-dits près – au cahier des charges du Rassemblement adopté à l’issue du conclave de Limete le 22 juillet 2017. Celui-ci préconise une transition de 6 mois « sans Kabila », dirigée par une personnalité consensuelle. Nikki Haley ne dit rien sur ce dernier point. L’a-t-elle dit, en personne, au chef de l’État ? Mystère.
Seule certitude, la proposition des États-Unis passe mal auprès de la MP. « C’est à la CENI de fixer le calendrier électoral et non à un gouvernement étranger », a déclaré le porte parole du gouvernement Lambert Mende sur les onde de Top Congo. Il n’y avait pas, en revanche, grand monde pour commenter l’audience de Nikki Haley à la présidence de la république. Le seul tweet du soir est venu de Jean Pierre Kamabila, directeur de cabinet adjoint du chef de l’État, heureux, a-t-il écrit, de constater que même l’Union européenne ne soutenait pas l’« ineptie » de la transition sans Kabila, a-t-il ajouté en référence à la position de l’Opposition. Il n’a par contre rien tweeté sur le tête-à-tête du Palais de la Nation.