Par Yvon Muya
Ouf… ont, peut-être, pu, pousser, les membres de la délégation congolaise. Après les dernières salves de l’opposition sur la « salle vide ». Allusion aux rangs clairsemés du centre des conférences de Turtle Bay [le quartier des Nations unies], à New York. Alors que Joseph Kabila prononçait son discours à la tribune de la 72e assemblée générale de l’Organisation. L’épilogue. Provisoire. D’une semaine riche en calculs politiques, tractations souterraines et formules choc. On vous la refait.
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Pour Joseph Kabila, il fallait d’abord voir le Kasaï puis partir. Kasaï. Cette région du centre du pays autre fois épargnée par la violence, devenue aujourd’hui le symbole de la frustration entre l’ONU et Kinshasa. New York y a vu tomber deux de ses soldats des Droits de l’Homme, les humanitaires Michael Sharp et Zaida Catalan, assassinés atrocement au milieu du conflit Kamwina Nsapu. Le chef de l’État, qui lance son forum de la paix sur le Kasaï au même moment que s’ouvre la grand-messe de la politique internationale, privilégie à cet instant sa posture de garant de la paix. Son allocution à l’ONU en aura besoin en fin de semaine.
Mais, si, pendant ce temps, à New York, Léonard She Okitundu joue le « dépanneur » en enchaînant tête-à-tête et échanges de couloir avec les grands de ce monde – relai instantané sur les réseaux sociaux – en appui, non loin du siège de l’ONU, l’opposition s’organise. Aussi. Le lundi 18 septembre, dans un grand hôtel de la ville qui ne dort jamais, Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi accompagnés de 3 membres d’organisations de la société civile publient un communiqué commun. Pour prévenir le vide juridique et le chaos qui profilent à l’horizon devant la perspective de la non tenue des élections le 31 au plus tard, déclarent-ils, à l’intention de la communauté internationale, « nous exigeons une transition sans Mr Kabila […], conduite par des personnes consensuelles éminentes chargées de préparer les élections démocratiques, libres, transparentes et paisibles qui ne sont pas possibles ni avec Mr Kabila ni avec la Ceni dans sa configuration actuelle ».
Déception ? Victoire ? pour l’opposition ? Seuls les leaders du Rassemblement le diront. Une chose est sûre, le lendemain, l’ONU, l’UE, l’OIF et les organisations régionales africaines, à l’issue d’une réunion sur la RDC, publiaient, à leur tour, un communiqué qui ne suit pas vraiment la voie de la transition suggérée par le Rassemblement et les signataires du Manifeste de Paris. Mais, qui, pour le plus grand bonheur de l’ancien gouverneur du Katanga et son équipe, insiste auprès des autorités congolaises sur la « nécessité de respecter totalement l’accord de la Saint Sylvestre ainsi que la résolution 2348 du Conseil de sécurité ». Autrement dit, sur le fait qu’il faut organiser les élections dans les délais prescrits [dans l’accord].
Pas de « diktat »
Joseph Kabila n’était pas là pour les écouter. Il n’était pas non plus présent, le mercredi 20 septembre au diner de Donald Trump, pour entendre le président américain fustiger, devant quelques chefs d’États africains, les conflits dont souffrent les populations en Afrique. En Somalie, en Centrafrique, au Soudan du Sud…au Congo. Concernant les victimes congolaises, la procureure de la CPI Fatou Bensouda et le haut-commissaire aux droits de l’homme Zeid Al Hussein ont pu s’en enquérir auprès du président congolais arrivé vendredi à New York. Lui qui doit également rencontrer au pas de charge quelques dirigeants déjà sur le départ. Ça sera le cas du président en exercice de l’Union africaine, Alpha Condé, qui lui aurait transmis un message de ses pairs sur la sortie de crise. Idem, avec le Premier ministre belge Charles Michel dont le tête-à-tête s’est soldé comme il avait commencé. C’est-à-dire par leurs positions restées tranchées. Le président congolais tenant à poursuivre le processus électoral en cours sans désemparer. Tandis que son interlocuteur belge lui aurait prévenu de ne pas être tenté par le referendum constitutionnel mais d’organiser les élections avant la fin de l’année, selon les informations du site Afrik.com.
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En tout cas, à la tribune de l’ONU, samedi, Joseph Kabila trouvait l’occasion de redire aux uns et autres le fond de sa pensée. Avec plus de 42 millions d’électeurs déjà enregistrés, notait le chef de l’État, « le cap des élections est définitivement fixé et les élections, irréversibles […]. Le tout sans ingérence ni diktat ». Circulez, donc, il n’y a rien à voir. Fin d’une semaine chargée. La suite…à Kinshasa.