En République Démocratique du Congo, chaque semaine apporte son lot d’enfoncement de la crise politique et celle qui vient de s’achever n’a pas dérogé à la règle. Comme tout le monde s’y attendait, le président de l’aile dissidente du Rassemblement, Joseph Olenghankoy, a été désigné, samedi, président du Conseil national du suivi de l’accord lors d’une procédure codirigée par les deux présidents de deux chambres du parlement et dénoncée par le chef de file de l’UNC Vital Kamerhe, choisi, sans, son accord, comme l’un des 3 vice-président de ce CNSA.
Une contestation qui arrange la MP
« La mise en place du Bureau du CNSA en violation de l’accord et de la position de l’opposition signataire ne me concerne pas », a, aussitôt, réagi, l’ancien président de l’Assemblée nationale promettant dans un communiqué qu’il restait mobilisé « afin de faire respecter l’accord de la Cenco, particulièrement la tenue des élections présidentielle, législatives et provinciales avant le 31 décembre 2017 ».
Dernière institution de la transition décidée par l’accord de la Saint Sylvestre, le CNSA se met ainsi en place sur fond de contestation. Tandis que son président, frondeur en chef du Rassemblement, n’attire pas non plus grand monde pour applaudir sa désignation. « Il s’agit pour la Majorité présidentielle d’essayer de mettre en difficulté l’opposition en faisant croire que c’est un de leur qui a été choisi », analyse un journaliste d’un grand quotidien à Kinshasa. Pour cet observateur de la politique congolaise, cela présage, peut-être, un nouveau dialogue.
Le Rassemblement dit non à un 3e dialogue
En effet, la contestation de Olenghankoy pourrait constituer un moyen pour le Pouvoir de sortir d’une mauvaise passe qu’il traverse à 5 mois de l’échéance fixée par le compromis du Centre interdiocésain, mais aussi à plus d’un mois de l’arrivée cruciale d’une délégation du Fonds monétaire international. Elle pourrait justement lui donner des arguments pour suggérer l’idée d’un 3e round des pourparlers afin de tenter de jouer de nouveau les prolongations.
Une perspective d’ores et déjà rejetée par le Rassemblement. La principale coalition de l’opposition qui clôturait samedi son 2e conclave a, par contre, appelé le chef de l’État à libérer « sans délai » le processus électoral tout en prévenant, au cas contraire, d’« entreprendre avec le Peuple congolais, sur pied sur pied de l’article 64 et des lois de la république, toutes les actions nécessaires jusqu’au départ de Joseph Kabila du pouvoir ».
Dès les 8 et 9 Août prochains, le Rassemblement appelle à une double journée ville morte à travers tout le pays. La MP pourra toujours compter sur le président du CNSA pour apporter un son de cloche différent.