C’est un anniversaire dont la RDC se serait bien passée. Un de plus, dans les annales les plus sombres du pays. Ce 12 Août 2017 marque l’an 1 de la mort de Jean Pierre Mpadi, alias Kamwina Nsapu, grand chef coutumier de Bajila Kasanga au Kasaï Central.
Ce jour-là, la police donne l’assaut au domicile du chef traditionnel à Tshimbulu. Ce qui n’était qu’un contentieux administratif lié à un problème de succession au trône, se termine par l’irréparable. Kamwina Nsapu décède le corps criblé des balles. Éclate alors l’un des conflits les plus sanglants que la paisible région du centre du pays n’avait plus connu depuis les années d’independence en 1960.
Du local, très vite, le conflit se nationalise. Kasaï, Kasaï-Central, Kasaï-Oriental, Lomami et le Sankuru. Tout le Grand Kasaï est secoué. À coup de massacres et répression, entre les forces de sécurité et la milice fidèle au chef assassiné qui se renvoient la responsabilité des tueries.
Armés des bâtons, des machettes, parfois de fusils de chasse, les insurgés sont quand même accusés d’avoir tué et décapité 39 policiers fin mars 2017, lors de l’attaque d’un convoi des forces de l’ordre sur la route de Tshikapa.
Quelques jours plus tard, c’est le choc. Deux experts de l’ONU, Michal Sharp et Zaida Catalan, qui enquêtaient sur les allégations de massacres qu’auraient commises le FARDC, sont assassinés. Après la video montrant des FARDC tirant sur les miliciens non armés à Mwanza Lomba, le meurtre de deux humanitaires est une goutte de trop. La crise au Kasaï prend une nouvelle tournure. Entre Les Nations unies et Kinshasa, la tension est maximale. L’ONU veut enquêter, le Gouvernement congolais ferme la porte.
Pendant ce temps, la violence dans la région continue à révéler son macabre secret : 10, 20, 30, puis, 40 fosses communes sont découvertes jour après jours. Le dernier décompte de l’ONU faisait état en juillet dernier de plus 80 charniers.
Qui, y sont enterrés, qui est responsable de plus de 3000 morts, selon le bilan de l’église catholique, et des centaines de milliers de déplacés ? L’enquête conjointe ONU/RDC attendue en septembre 2017 permettra-t-elle de faire toute la lumière ? En attendant, un récent rapport du Haut-commissariat aux Droits de l’homme notait que le conflit au Kasaï avait basculé dans une dimension ethnique.