Par CAS-INFO
Vital Kamerhe a l’art du tempo. Et ce sont bien là les qualités que lui reconnait la classe politique congolaise. Vingt-quatre heures après la sortie médiatique du chef de l’État, l’ancien président de l’Assemblée nationale est, avec l’UNC, en première ligne, ce samedi 27 janvier 2018, pour répondre à Joseph Kabila. En 10 points, « VK » a taillé en pièces les « contre-vérités » du Président de la Republique.
Vital Kamerhe aime faire dans la symbolique. Pour sa conférence de presse-réaction, à celle de la veille, tenue par le chef de l’État, le président national de l’UNC a choisi le chiffre 10. Dix, comme le nombre de « contre-vérités » que l’ex numéro deux du pays voulait que les Congolais retiennent des propos de Joseph Kabila sur la crise que traverse le pays.
Alors que le Président de la république s’est posé en champion de la Constitution, pour avoir « battu » campagne, seul, en faveur du oui, en 2006, au moment où d’autres étaient restés à Kinshasa, Vital Kamerhe, pourtant à ses côtés à l’époque, lui rétorque que la Constitution n’est pas son œuvre, mais celle de tous les Congolais. « Le peule avait obligation y compris ceux qui avait appelé à voter contre, de la protéger ». C’était l’acte I de l’opération desintox, version VK.
Kabila, « un homme seul »
Après avoir, dans un deuxième acte, rappelé que le responsable de la non tenue des élections dans le délai était bien Joseph Kabila et sa Majorité, contrairement à ce qu’a avancé l’intéressé la veille, le chef de file de l’UNC a brossé un tableau sombre des conditions de vie des Congolais, pris en tenaille entre le Cholera, la perte du pouvoir d’achat et les grèves de fonctionnaires. Alors que « la peur du lendemain a élu domicile dans la majorité des foyers », a-t-il décrit. Joseph Kabila avait vanté un pays qui « va mieux ».
Une gronde, ajoutée à celle de toutes les couches sociopolitiques du pays : l’opposition, l’Église Catholique, la société civile, l’Église protestante… Kamerhe s’interroge : « comment expliquer que tous se rangent du côté du peuple et comprennent qu’il faut l’accompagner dans la défense de ses droits ». Son verdict est sans appel : « Monsieur Kabila est un homme seul ».
Un homme seul, comme lorsque le Président de la république a regretté le fait de n’avoir pas réussi à transformer l’homme Congolais. « Parce que, disait-il, nous étions des bavards, des jouisseurs, des nuls. C’est une insulte contre le peuple congolais, que je ne peux tolérer », a protesté le leader de l’UNC, qui exige que le Président retire ces propos. Avant de le tacler, à son tour : « en ce moment où nous étions Zaïrois, était-il Zaïrois comme nous ou pas ? ». Vital Kamerhe se souvient en effet qu’à l’époque du Zaïre, étudiant à l’université e Kinshasa, il avait droit à deux repas par jour, un logement et des bourses d’études. Et d’ironiser, « Ce qu’il a voulu transformer, en tout cas, il a réussi à le faire parce qu’il nous a plongés dans une misère noire ».
« Dans quel monde vit monsieur Kabila ? »
Poursuivant sa séance « vérité », Vital Kamerhe a par ailleurs rejeté l’analyse du chef de l’État sur le rétablissement de l’ordre et la sécurité dans le pays. Il a plutôt vu des forces de l’ordre « tuer », « blesser », « arrêter » et « violer » les Congolais, a-t-il énumérer évoquant même des sources concordantes faisant état de la présence de mercenaires étrangers « pour massacrer notre peuple ». Des informations graves qui poussent Kamerhe à s’interroger :« Qui sont ces hommes en civils lourdement armés ? ».
Bref, pour Vital Kamerhe, Joseph Kabila n’a pas dit la vérité. Surtout pas en mettant en conflit démocratie et développement. Une combinaison qui réussit pourtant si bien aux pays tel que l’Afrique du sud, le Ghana, la Tanzanie, le Sénégal, le Mozambique, la Namibie, quelques-uns des rares États stables sur le continent. « Dans quel monde vit monsieur Kabila ? ». Réponse de Vital Kamerhe, « en tout cas pas en Republique Démocratique du Congo ».
De quoi remobiliser le peuple. « Vous avez le droit de revendiquer vos droits les plus fondamentaux y compris par les manifestations pacifiques », a lancé Vital Kamerhe aux Congolais. « Levons-nous et marchons. Jusqu’à ce que la volonté du peuple l’emporte sur la dictature »