Par Yvon Muya

Avant de s’envoler pour Bruxelles peu avant sa mort, Étienne Tshisekedi avait-il laissé une lettre désignant son fils Félix au poste de Premier ministre ? Conformément à l’accord du 31 décembre ? À qui ?

Après la sortie du président de la Cenco jeudi, la lumière ne pointe pas toujours à l’horizon de la mystérieuse lettre du chef de fil du Rassemblement. Interrogé par Top Congo FM, sans confirmer ni nier l’existence de la correspondance, Mgr Marcel Utembi s’est simplement contenté de souligner les rendez-vous manqués entre les évêques et le leader de l’UDPS. D’abord à Kinshasa pour des ennuis de santé. Ensuite à Bruxelles à cause de la mort de l’interlocuteur visé le 1er février 2017, a-t-il déploré. Laissant le fantôme de la lettre polluer encore un peu plus un air politique déjà suffoquant.

La querelle du « testament »

Pour la Majorité présidentielle, c’est un joker de plus dans son entreprise de jouer le compilateur de la situation en créant une affaire toutes les deux semaines. Et c’est Aubin Minaku, en personne, chef de la Majorité qui est monté au créneau. « Le président de la République n’a jamais reçu une quelconque correspondance, ni à travers ses services, ni à l’occasion de l’audience accordée récemment à la Cenco », a martelé, jeudi, le président de l’Assemblée nationale, quelques minutes seulement après le témoignage du président du G7 Pierre Lumbi affirmant avoir été personnellement le témoin oculaire de la lettre. Sur CAS-INFO, Jean Bertrand Ewanga est allé dans le même sens plaidant le respect du « testament » du défunt.

Mais en l’absence de l’expéditeur chacun parle à sa place et tout le monde veut avoir la bonne version. À ce sujet, la palme d’or peut aller à Raphaël Katebe Katoto. Candidat déclaré au poste de Premier ministre, l’homme d’affaires dont la proximité avec le lider maximo n’était plus à démontrer, a purement et simplement remis en cause l’existence d’une lettre consacrant Félix Tshisekedi. « J’émets des doutes », a-t-il lancé la semaine dernière assurant avoir parlé avec Tshisekedi père et que ce dernier ne lui avait jamais fait état d’une candidature unique [de Felix Tshisekedi].

La pagaille

Pour tous les camps, c’est une situation surréaliste et Tshisekedi qui se repose dans l’éternité ne peut plus plaider la cause de « sa » lettre.

Conscient du symbole que revêt cette correspondance et la possibilité qu’elle représente de fédérer une coalition de l’opposition qui doute, le pouvoir congolais a, semble-t-il, décidé de jouer le trouble « deuil » en insistant sur ses 3 noms et non un seul pour le poste de Premier ministre. Histoire de vider le contenu de la missive qui ne contiendrait que le seul nom de Tshisekedi fils. Piégés, les évêques n’osent pas, eux non plus, s’attarder sur un document désormais problématique. Sans doute par précaution et pour éviter de se faire taxer de partialité. Alors que les durs du Rassemblement en font un casus belli.

Bref, le roi est mort. Vive la pagaille.