Par CAS-INFO
La République Démocratique du Congo retient son souffle. Que va-t-il se passer au procès Kamerhe ? Le dénouement n’est pas pour demain mais la question va au-delà des murs de la prison de Makala. Car elle concerne l’avenir même de la coalition CACH. Numéro deux de « Cap vers le Changement » qui a porté Félix Tshisekedi au pouvoir, une condamnation de Vital Kamerhe porterait un coup de grâce à la formation présidentielle. Elle qui tangue déjà de partout depuis l’éclatement du scandale financier de 100 jours.
Cerné par les conseillers du Président
Il ne fallait pas en effet manquer la longue audience du 3 juin pour assister en direct à la tension ambiante entre les partisans de deux camps. Si, parmi les témoins, à charge, certains, comme Nicolas Kazadi, ambassadeur itinérant de Félix Tshisekedi, se sont contentés de souligner la responsabilité exclusive du leader de l’UNC dans la conduite du programme d’urgence, d’autres n’y sont pas allés de mains mortes pour enfoncer Vital Kamerhe. C’est le cas du conseiller économique du président.
Dans un violent accrochage avec celui qui, il y a encore quelques semaines, lui donnait les instructions, Marcelin Bilomba, ne s’est pas empêché de mettre en garde Vital Kamerhe et sa propension à toujours impliquer le Chef de l’État dans ses différentes mises en causes. Difficile de dire si l’expert économie s’est permis cette posture osée de sa propre initiative ou s’il en été autorisé. En tout cas, depuis sa déposition houleuse, aucune désapprobation du président de la république n’a encore filtré.
Le coeur du pouvoir ébranlé
Pour Félix Tshisekedi, le jeu de cache-cache avec son principal allié risque de ne plus durer longtemps. Jusqu’ici le Chef de l’État a choisi la manière douce. Malgré les multiples souhaits y compris de son propre entourage, le président de la république a préféré désigner un intérimaire au poste de directeur de cabinet plutôt que de limoger Vital Kamerhe. Une manière, selon plusieurs experts, d’éviter de prendre la responsabilité de rompre le premier l’accord de Nairobi qui le lie à l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Mais les audiences du procès Kamerhe regardées à la télévision nationale par plusieurs dizaines de millions de Congolais et les sommes colossales détournées qui y sont évoquées risquent de bouleverser la stratégie attentiste du président. Même un verdict favorable à Vital Kamerhe pourrait contrarier la perspective d’un retour à la vie normale entre les deux alliés.
Il faut dire que les dégâts causés par le procès en cours sont énormes. Les deux hommes ayant gravi les marches du Pouvoir après avoir battu campagne sur les thèmes de lutte contre la corruption et les anti-valeurs. Des maux qui se retrouvent au cœur même de la présidence en à peine un an et demi de règne. Un véritable «CRACH».