Par Jean Thierry MONSENEPWO, Cadre de la CCU, Membre de l’Union Sacrée
Communicateur
L’interview de l’ancien président de la CENI, réalisée par le journaliste Stanis Bujakera pour le compte du tabloïd Jeune Afrique, avait suscité plus d’interrogations qu’elle n’avait apporté des réponses. Les appétits politiques de l’expert en questions électorales étant un secret de Polichinelle dans le landerneau politique congolais, la surprise est venue de l’affirmation controversée, hors contexte, de ce candidat présumé à la future présidentielle l’élection, qui aurait soutenu avoir été aux premières loges d’un accord politique consacrant l’alternance. Selon les propos de Corneille Nangaa receullis par Jeune Afrique, ce dernier plaiderait même pour la conservation dudit accord politique qui aurait aidé à éviter un bain de sang lors de la dernière passation pacifique du pouvoir entre le Président de la République honoraire et son successeur en fonction.
Excédés par l’inconséquence de tels propos dans un contexte politique encore fragile, certaines voix se sont élevées pour obliger Nangaa à clarifier sa pensée, d’autant plus que le natif de Wamba dans le Haut-Uélé encourrait des poursuites judiciaires si son aveu de culpabilité venait à être établi.
JMK TODAY RASSURANT ?
Reçu sur le plateau de Télé 50 dans la célèbre émission JMK Today, Corneille Nangaa n’a guère démenti la traduction de ses affirmations faites par Stanis Bujakera, à qui il ne reproche par ailleurs aucune déformation de ses allégations. A en croire l’ancien président de la CENI, il manquerait plutôt une précision sur la nature de l’accord politique auquel il avait fait allusion. Pour lui, il s’agirait plutôt de l’accord de Gouvernement signé entre la majorité présidentielle sortie des urnes et la majorité parlementaire FCC.
Pas sûr que Nangaa ait étanché la curiosité de l’opinion. En effet, d’aucuns continuent à se demander comment un Président de la CENI, institution d’appui à la démocratie différente de l’exécutif, pouvait être concerné par un accord de gouvernement par deux familles politiques, au point d’y figurer aux premières loges ?
Tout le monde sait également que l’accord FCC-CACH avait été négocié au grand jour à Mbuela Lodge au Kongo Central, avant sa signature devant les caméras du monde entier au Fleuve Congo Hôtel Kempiski de la Gombe. Dans les deux sites, jamais l’ombre de la silhouette remarquable de Corneille Nangaa n’avait été aperçue.
Troisième observation : le fameux accord FCC-CACH avait rendu l’âme, avec effets immédiats, depuis décembre 2020. D’où vient que Corneille Nangaa puisse plaider pour la conservation d’un attelage mal assorti, du reste jeté dans la poubelle de l’histoire par le Président de la République en personne, pour des raisons évidentes de préservation de l’intérêt public et du salut du peuple ?
Bal des Chauves ?
Selon plusieurs analystes, Corneille Nangaa aurait tout simplement eu peur des implications judiciaires de son pavé dans la marre irresponsable. En effet, rompant le silence pour appeler à la constitution d’un front patriotique contre la guerre de Kagame au cours d’une conférence de presse fleuve, l’honorable Lambert Mende, réagissant à la question d’un journaliste, avait clairement demandé à la justice de se pencher sur les allégations d’accord politique faites par Nangaa, au cas où elles seraient authentifiées. Sceptique sur le fait qu’un ancien Président de la CENI puisse se saborder de la sorte, Mende en avait appelé à l’intervention du ministère public dans cette affaire qui était de nature à jeter le discrédit sur les institutions émanant du dernier scrutin électoral, dans un contexte où la cohésion nationale est mise à rude épreuve en temps de guerre contre un agresseur perfide.
Hara Kiri ?
Corneille Nangaa aurait voulu gâcher le début de sa carrière politique qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Lui, qui se plaignait dans les colonnes de Jeune Afrique que les hommes politiques congolais ne soient pas guidés par des idées et qu’ils soient au contraire enclins à applaudir chaque détenteur de l’imperium, semble être mal parti pour défendre son propre honneur avant de défendre la dignité du peuple congolais, comme le prétend tambour battant la dénomination de son parti politique. Retropedaler n’est manifestement pas la marque des hommes d’État. Surtout lorsque l’offre politique présentée fait partie des lieux communs. En tout état des causes, dans la vie, tout irait pour le mieux si chacun décidait de rester à sa place. D’expert électoral à donneur de leçons politiques avec un double langage, Corneille Nangaa semble s’être irrémédiablement entremêlé les pinceaux.
Jean Thierry MONSENEPWO, Cadre de la CCU, Membre de l’Union Sacrée
Communicateur.