Par Raphaël Luniongo, expert NTIC

Depuis mai 2019, les États-Unis d’Amérique ont décidé de placer l’entreprise chinoise Huawei, soupçonnée d’espionnage, sur liste noire, l’interdisant de commercer avec la plupart des entreprises américaines. Cette mesure a été, sans surprise, prolongée jusqu’à Mai 2021 par le désormais ex Président des USA Donald Trump en 2020, peu avant son départ de la Maison Blanche.

Washington a non seulement durcit ses sanctions contre le géant chinois des télécoms Huawei, porte-drapeau controversé de l’Empire du milieu dans la 5G, mais les a également étendu à 38 de ses filiales, afin de limiter leur accès aux technologies américaines. L’administration de Donald Trump reprochait à Huawei et ses filiales d’avoir, notamment « accentué leurs efforts pour obtenir des semi-conducteurs de pointe développés ou produits à partir de logiciels et de technologies américaines afin d’atteindre les objectifs politiques du Parti communiste chinois ».

Sur cette entity list, liste noire des entreprises étrangères présentant un «risque de sécurité nationale», figurent également d’autres entreprises chinoises dont ZTE, un autre leader mondial des équipements de télécommunication.

Certains hauts gradés de l’armée américaine redoutaient que Huawei puisse collecter des données sur les capacités techniques et le fonctionnement du tout nouvel avion de chasse F-35 qui sera aussi livré aux forces britanniques. Ils craignaient également que l’entreprise chinoise ait les capacités de désactiver à distance des missiles tirés depuis l’aéronef qui utiliseraient le réseau 5G pour se déplacer.

« Les sociétés d’espionnage chinoises comme Huawei sapent nos règles de contrôle des exportations afin d’accéder à des puces informatiques avancées fabriquées avec des logiciels et des technologies américains. Je félicite l’administration d’avoir renforcé ces règles.», déclarait dans un tweet Tom Cotton.

« Le gouvernement américain et les dirigeants responsables de l’industrie doivent prendre des mesures énergiques pour couper l’accès du Parti communiste chinois à la technologie qu’il utilise pour construire un réseau de surveillance et de répression dans le monde. », ajoutait-il.

Depuis, les sanctions américaines contre le géant chinois Huawei n’ont pas été sans conséquences, car la société est également privée d’accéder aux services Google. Cette situation a mis un coup de frein à la croissance fulgurante de Huawei. Sans les services Google, difficile de séduire un public européen rompu à l’environnement du géant américain. Loin de s’avouer vaincu, le constructeur chinois a tenté tant bien que mal de limiter la casse. Pour cela, il a misé sur les Huawei Mobile Services et l’App Gallery, sa boutique d’applications maison.

Pressenti aussi au départ comme le candidat idéal dans le déploiement de la 5G en Europe, Huawei a également essuyé quelques revers dans ce secteur. Certains pays ont en effet émis le souhait de se passer des services du chinois. En France, seuls SFR et Bouygues Telecom comptaient s’appuyer sur ses équipements, Orange et Free préférant accorder leur confiance à Nokia et Ericsson. Pourtant, les technologies de Huawei étaient déjà utilisées pour le réseau 4G.

Aujourd’hui, cette institution chinoise s’est installée Afrique, notamment en République démocratique du Congo. Les autorités de Huawei ont multiplié des rencontres avec les autorités politico-administratives RD Congolaises, notamment le Premier Ministre, le Ministre des Postes Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information pour les séduire à conclure un partenariat dans le domaine du numérique.

Les autorités RD Congolaises ont accepté ce partenariat et présenté l’entreprise chinoise Huawei comme leur partenaire privilégié dans le numérique et les TIC.

La RDC qui aspire également au passage de la 4 à la 5G, a décidé de faire route avec Huawei dans cet objectif. Pourtant, les États-Unis en sanctionnant cette société chinoise avaient affirmé que les infrastructures télécom et surtout 5G de Huawei sont des outils d’espionnage au service du gouvernement chinois. Bien que ces soupçons n’ont jamais été étayés de preuves rendues publiques.

Grâce à ce partenariat, Huawei a également gagné le marché récent de l’enregistrement des téléphones sur RAM en RDC. Le géant chinois est aussi dans plusieurs institutions du pays, avec la numérisation de l’administration publique souhaitée par le gouvernement.

Les soupçons américains contre cette société chinoise ne pouvaient-ils pas inspiré les autorités RD Congolaises ? La présence de Huawei ne constitue-t-elle pas aussi une menace pour la sécurité nationale de la RDC? Wait and see disent les anglais.