Par Jonsard Mikanda

Marié et père d’une grande famille, Pierre Lumbi, fut un acteur politique qui a assumé des hautes fonctions en République démocratique du Congo, de Mobutu à Joseph Kabila.

L’homme était au cœur des contrats chinois, cet accord économique entre la RDC et la Chine, qui a abouti au programme des 5 Chantiers de Joseph Kabila, son ancien proche collaborateur jusqu’en 2016, avant de se rapprocher de l’opposant Moïse Katumbi.

Né en 1949, Pierre Lumbi fut licencié en psychologie clinique en France.
En 1978, il décide de rentrer à la maison pour réorganiser les paysans en milieux ruraux en créant, dans la ville voisine d’Uvira, la « Solidarité Paysanne », la toute première organisation non gouvernementale (ONG) laïque de la RD Congo.

Pendant 10 ans, il va coordonner plusieurs actions de « Solidarité Paysanne », notamment dans le plaidoyer et le développement social et économique des communautés paysannes.

En 1990, il fait son entrée en politique lorsque le président Mobutu décida de libéraliser l’exercice de la politique. C’est sous son impulsion à travers son organisation « Solidarité Paysanne » que les organisations sociales vont s’organiser en une société civile, en vue de participer dans le débat sur la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance.

Lancé à partir d’avril 1991 au centre Bondeko de Limete à Kinshasa, le Mouvement de la Société Civile s’est alors engagé dans la lutte pour l’organisation d’une conférence nationale souveraine (CNS), avec la participation des délégués des organisations sociales que ceux des partis politiques ainsi que des institutions du gouvernement. Et il fut le seul chef de la délégation de la société civile à la conférence nationale Souveraine.

Après la fermeture des travaux de la CNS, Pierre Lumbi va initier le « Comité Laïc de coordination », un regroupement des laïcs chrétiens, qui a organisé la Marche d’espoir le 16 février 1992, sollicitant la réouverture des travaux de cette conférence.

Pierre Lumbi participera alors dans toutes les négociations entre le régime Mobutu et l’opposition, pour le compte du leadership associatif, à l’issue desquelles, il sera nommé ministre de la santé, famille et Affaires sociales du gouvernement Etienne Tshisekedi, en octobre 1991, ministre de la Santé du gouvernement Jean Ngunz Karl Bond, en novembre 1991,
Ministre des relations extérieures du gouvernement Etienne Tshisekedi issu de la CNS, en août 1992; puis, en Avril 1993 (un gouvernement parallèle à celui de Faustin Birindwa), Ministre des postes et télécommunications du gouvernement Kengo Wa Dondo, en juillet 1994.

Après la chute de Mobutu, il disparaît de la scène lorsque Laurent-Désiré Kabila prend le pouvoir. Il reviendra avec l’avènement de Joseph Kabila à la présidence de la RD Congo. Pierre Lumbi sera alors nommé chargé des stratégies à la présidence, puis va participer au dialogue inter congolais en Afrique du Sud en 2002-2003.

Après l’accord de cessez-le-feu, il lança le Mouvement Social des leaders de la société civile pour leur engagement en politique (qui deviendra, en novembre 2005, un parti politique, sous l’appellation du Mouvement Social pour le Renouveau, MSR). Pendant ce temps, il exerce les fonctions d’Assistant-directeur de cabinet du conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, Samba Kaputo.

Lors des élections législatives de 2006, le MSR devient la deuxième force politique de la Majorité au parlement. Pierre Lumbi exercera successivement, de 2006 à 2015, les fonctions de ministre d’Etat chargé des infrastructures, travaux publics et reconstruction et de conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité.
Après la rupture avec la majorité présidentielle en septembre 2015, le MSR passe à l’opposition. En mars 2016, le MSR se coalise avec 6 autres partis pour créer le G7. En juin de la même année, le G7 fait partie des initiateurs du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement et Pierre LUMBI en devient le président du comité des sages (après le décès d’Etienne Tshisekedi). Il était, jusqu’à sa mort, Secrétaire général de « Ensemble pour la République », parti politique de Moise Katumbi.