Utembi, ONU

C’est sans doute l’un des moments forts du processus de sortie de crise en République Démocratique du Congo. Devant les membres du Conseil de sécurité de l’ONU mardi, il y avait un invité pas comme les autres. Costume sombre, colle pastorale autour du cou et de son ton calme, Mgr Marcel Utembi, président de la Conférence épiscopale nationale, la Cenco, a simplement prévenu la communauté internationale qu’il y a péril en la demeure.

« Toutes les institutions à mandat électif en RDC ont épuisé leur mandat », s’est alarmé le prélat catholique. Une première dans l’histoire du pays depuis l’indépendance en 1960, a ajouté celui qui, depuis bientôt 3 mois, tente de faire aboutir un difficile accord entre les protagonistes de la crise en RDC.

L’interminable blocage

En effet, depuis le 31 décembre 2016, l’accord que tous, Majorité comme opposition regroupée sous la bannière du Rassemblement s’étaient empressés de qualifier d’historique donne l’impression de battre de l’aile.

La faute à l’« intransigeance » des négociateurs sur quelques points de divergence, aux « manœuvres politiciennes » et au « manque de volonté politique », a accusé le chef de la Cenco. Alors que la population attend impatiemment les élections, a-t-il rappelé.

La situation est d’autant plus grave qu’en l’absence de cet accord dit de la Saint Sylvestre la Cenco redoute le pire. Le constituant n’ayant pas prévu une telle situation, le salut pour l’église catholique ne réside désormais que dans cet accord, « la seule feuille de route pouvant sortir le pays de la crise institutionnelle » et pour laquelle la Cenco demande instamment la mise en œuvre rapide.

Hors mandat et contestés 

Réélu en novembre 2011, le chef de l’État Joseph Kabila a épuisé son second et dernier mandat le 19 décembre 2016 dans un climat de contestation et de violence. Installé depuis la première élection de 2007, le Senat, dirigé par l’ancien Premier ministre de Mobutu, Léon Kengo Wa Dondo n’a jamais été renouvelé depuis. Se retrouvant ainsi la première institution majeure à être touchée par la crise de légitimité.
Jusqu’ici épargnés, l’Assemblée nationale et Aubin Minaku venaient de rejoindre ce cortège d’irrégularité le 17 février 2017.

Ça fait beaucoup vu l’ampleur de la crise qui frappe le pays avec notamment l’insurrection des miliciens du chef coutumier Kamwina Nsapu qui prend des proportions inquiétantes avec de centaines des morts au Kasaï comme l’a déploré Mgr Marcel Utembi, la LRA et les Mbororo dans le Grand Kivu ou encore le conflit entre les Bantu et les Batwa (Pygmées) à la base des déplacements massifs des populations dans le Tanganyika. Sans oublier la crise socio-économique qui va de mal en pis…

Bref, tous les ingrédients d’une explosion assurée si la classe politique n’arrive pas à se dépasser en privilégiant, pour une fois, l’intérêt supérieur de la nation.