Correspondance particulière

Des questions troublantes après la mort du général Delphin Kahimbi, désarmé la veille de sa mort, par « la garde du chef de la Maison civile, Oncle du Président de la Républiq », selon l’ONG « Espoir » qui peste contre les « impérialistes » devenus « alliés sûrs » de Tshisekedi.

Le décès brusque et inopiné, du moins à ce jour, du Général Delphin Kahimbi fait l’objet de commentaires en tous sens depuis le vendredi dernier après l’annonce de cette grave nouvelle. Si certains cherchent à savoir ce qui s’est réellement passé, d’autres, par contre, cherchent des boucs émissaires ou des mains noires qui auraient été derrière cette disparition.

Normal, pourrait-on dire, que ce genre de spéculation prospère sur le terreau aussi bien du contexte de cette disparition, de ses conditions non encore élucidées, du mobile et même de ce que représentait Delphin Kahimbi, sans oublier ce qu’il charriait déjà comme ragots autour de sa personne et même du régime passé.

Pendant 18 ans de pouvoir, il est bien normal que Kabila ait vu aller et venir bien de monde. Même si l’on peut se demander ce qui, pour un chef de l’Etat, peut être compromettant ou pas et qui peut motiver la réduction au silence de son détenteur.

Mais hélas, une année après l’alternance pacifique en RDC, les proches de Kabila sont victimes d’humiliation et voir même des actes qui amènent à la mort. Ces proches et bras visés par le nouveau régime qui subissent une pression des quelques lobbyistes américains.

Pour revenir au cas Delphin Kahimbi, la question à poser est : pourquoi Joseph Kabila l’a tué, lui, pour le faire taire alors qu’il existe bien d’autres personnalités détenant aussi des données potentiellement et autrement plus compromettantes contre lui ? Parmi ces personnalités se compte Pierre Lumbi, ancien Conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, qui avait quitté Kabila officiellement en 2015 pour rejoindre l’opposition où il est parmi les plus virulents contre lui. Il était parti alors que Kabila était au pouvoir et pouvait bien le faire taire s’il avait estimé qu’il était un témoin gênant pour lui.

Pierre Lumbi vit librement au pays où il va et vient à sa guise sans être inquiété le moins du monde. Tout homme censé comprendrait clairement qu’un conseiller spécial du chef de l’Etat est de loin plus informé que le chef de renseignement de l’armée, mais ce « spécial » est aujourd’hui vivant sans être inquiété.

Pour autant, l’on devrait retourner le regard vers là où certains esprits veulent détourner l’attention des Congolais, à savoir l’entourage même du Président Félix Tshisekedi. Un exercice tout aussi normal, puisque le décès de Kahimbi est intervenu à un moment où il faisait l’objet d’une information interne après sa suspension et son interdiction de quitter le pays. Ici la question centrale serait : le général Kahimbi aurait-il été un témoin gênant par le Président Tshisekedi par rapport à son accord de coalition avec Kabila ? Aurait-il été aussi témoin de plusieurs actes « anormales » des collaborateurs de Félix Tshisekedi qui aurait alors décidé de le faire taire ? Et dans ces conditions, qui d’entre Kahimbi et l’entourage de fatshi lui serait aujourd’hui le plus gênant ?

A titre d’exemple, n’y a-t-il pas lieu de s’interroger sur le cas de son conseiller privé Fortunat Biselele, dit Bifor, présenté comme le « gardien du temple et détenteur des secrets du chef » ? Celui-ci aurait-il induit Félix Tshisekedi en erreur pour éliminer Delphin Kahimbi ? Comment justifierait-on ses fréquents va-et-vient entre Kinshasa et Kigali si ce n’est pas une façon d’induire le chef en erreur pour le compte de son grand maître Paul Kagame ?

Autres questions en rapport avec le dossier dit « interne » de Kahimbi : le cabinet du chef de l’Etat a-t-il qualité d’auditionner un officier général ou même un simple soldat des rangs ? Mme Théthé Kabwa, avocate de son état, a-t-elle le droit et le pouvoir d’interroger un officier militaire du rang de feu Delphin Kahimbi ?
Ces questions et tant d’autres devraient suffire pour faire réfléchir les adeptes des rumeurs et des dissimulations. Chacun devrait se montrer réaliste et modeste pour se soumettre aux dispositions officielles qui ont ordonné une enquête sur les conditions et les causes de la mort du Général Delphin Kahimbi. Les fuites en avant sont toujours suspectes.