Par Siméon Isako
L’affaire Bukanga-Lozo fait toujours couler beaucoup d’encre et de salive. Alors que l’IGF continue à insister sur le fait que l’ancien premier ministre Matata Ponyo est impliqué dans le detournement présumé de fonds alloués au projet agro-industriel de Bukanga-Lozo, les collaborateurs de ce dernier délient leurs langues pour crier à une « cabale montée contre leur chef ».
Dans sa réflexion faite ce jeudi 13 mai 2021 et parvenue à CAS-INFO, Jean Claudel Makala, analyste politique, démontre « les faiblesse du rapport de l’IGF et les éléments montés pour humiliés Matata Ponyo »
Voici l’intégralité de cette tribune
Qui veut le crucifier comme Jésus-Christ à Golgotha? Qui veut le réduire en silence, et ainsi rendre irréalisables ses projets ambitieux en faveur de l’élite congolaise ? Fait-il autant peur pour être placé dans un abîme dans « une affaire politiquement montée de toutes pièces », d’après plusieurs analystes! Comme qui dirait : sa cause est déjà entendue. Comment alors dans ce cas, peut-on justifier ce que d’aucuns qualifient d’acharnement et d’instrumentalisation de la justice contre un homme ayant servi son pays durant plusieurs années, en étant bien sûr à la tête d’un Gouvernement qui a laissé des empreintes indélébiles au sein de la mémoire collective ?
Quoi qu’il en soit, l’homme demeure serein. « Rien, plus rien ne pourra le faire reculer. Son retour au pays de Lumumba-Mzee, sa mère patrie, pour affronter les prédateurs du régime en place et la justice instrumentalisée de son pays, montre à quel point l’acharnement dont il est victime ne va nullement le faire reculer », précisent ses proches.
Le Premier ministre Honoraire, Augustin Matata Ponyo Mapon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se montre imperturbable. Sur papier, d’après l’Inspection Générale des Finances, ce Professeur et Promoteur d’Université aurait détourné plusieurs millions de dollars dans l’opération consistant à installer le parc Agro industriel de Bukanga Lonzo. Mais, avec des lunettes, tenant mordicus à la transparence de l’ancien Premier ministre qui se résume par le leadership et la bonne gouvernance pour le progrès, les analystes politiques éclairés se rendent vite compte que tous ceux qui ont critiqué ouvertement l’Union sacrée ou tout celui qui a le profil idéal pour diriger ce pays sont dans l’œil du cyclone. Tenez !
Vital Kamerhe, ex-Président de l’Assemblée nationale et ancien Directeur de Cabinet de Félix Tshisekedi est à ce jour vu comme une victime expiatoire dans la désastreuse affaire 100 jours. Que dire du leader d’Ensemble pour la République, Moïse Katumbi Chapwe ? Cette autre figure de proue et leader du Grand Katanga, se trouverait lui aussi dans la ligne de mire de la Présidence où, selon certaines indiscrétions, une proposition de loi serait en train d’être boutiquée pour le rendre inéligible au cas où il voudrait briguer la magistrature suprême.
Ainsi, avec les exemples cités plus haut, rien ne saurait justifier « l’acharnement » dont est l’objet l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon. Serait-il celui que le régime en place voudrait faire porter le chapeau de 18 années de la Kabilie ? Lui qui était moins aimé dans sa propre famille politique, craint par les actuels dirigeants, est aujourd’hui, plus que jamais victime d’un règlement de comptes.
Accusations fortuites
En effet, l’IGF accuse le Premier ministre honoraire Matata Ponyo d’être l’auteur intellectuel de la débâcle du Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo (PAI BL en sigle), à travers le Choix du partenaire sud-africain AFRICOM Commodities (Pty) Ltd qui avait trois ans d’existence au moment de la signature du contrat de gestion, et ce, en violation des procédures de passation des marchés publics, spécialement les articles 17 et suiv. de la loi no. 10/010 du 27 avril 2010 relative aux marchés publics.
En référence à la loi sur les passations de marché, le gré-à-gré n’est pas exclu lorsque les circonstances l’exigent. Cependant, il faut prendre des précautions nécessaires pour éviter tout dérapage. À court d’argument, l’IGF dilapide l’argent du contribuable pour faire publier des articles en réaction à l’interview accordé par le Premier ministre honoraire Matata Ponyo à quelques journalises, dimanche 9 mai 2021, à son retour à Kinshasa en provenance de Conakry, d’où il se trouvait pour des raisons professionnelles. Le Parc Agro-industriel n’est pas une invention du Premier ministre honoraire Matata Ponyo. Le processus du choix du partenaire AFRICOM et de l’implémentation du projet du PAI BL en sigle s’est fait en trois temps.
Matata, le bouc émissaire ?
A en croire plusieurs analystes, Matata Ponyo est le bouc émissaire dans l’affaire Bukanga Lonzo. En parlant du choix du partenaire AFRICOM, la mission de vérification de la capacité d’AFRICOM d’assurer la gestion du PAI BL comptait les délégués de la Primature et des Ministères des Finances, Agriculture et Portefeuille. Chaque délégué a été choisi et désigné par son ministère et, à l’issue de la mission, a soumis à l’attention de sa hiérarchie un rapport de mission.
En parlant du choix du site pour l’installation du premier parc agro-industriel, c’est un processus qui a commencé lors du séminaire du gouvernement à Zongo. Au cours de ce séminaire, dans sa présentation, le Ministre des Travaux Publics avait souligné le manque de rentabilité économique des investissements consentis sur la Nationale 1 à cause du niveau très faible du trafic à l’exception du tronçon Kinshasa-Matadi (dans un seul sens). Parmi les recommandations, il était question de promouvoir des activités agricoles le long de la Nationale 1 y compris le développement des parcs agro-industriels tels que repris dans le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA).
À propos de Bukanga Lonzo, Finalement des équipes d’identification avaient été mises en place pour identifier les sites propices. Bukanga Lonzo a été ajouté après les analyses non-concluantes des sites de Nkundi (difficile d’accès), du Plateau de Bateke (manque d’eau et d’électricité) et Kimbinga (manque d’eau et d’électricité et loin d’un centre urbain important). C’est après l’identification du site que les experts sud-africains ont passé un mois sur le site pour analyser le sol et produire le business plan.
A la suite des révélations de l’IGF qui auraient conduit le Procureur général près la Cour de cassation à solliciter auprès de la Chambre haute du Parlement la levée d’immunités du Sénateur Matata Ponyo Mapon, celui-ci se retrouve enfin face à une occasion dorée de stopper à la régulière, pièce contre pièce, les allégations de certains observateurs qui, eux, estiment que l’Université de Kindu serait le fruit des entrailles de Bukanga-Lonzo. Oui, il n’y a aucun doute. Ce dossier va certainement faire couler du vin sur la crédence car le Sénateur Matata Ponyo, lui aussi, ne va visiblement pas se livrer en victime pascale ou expiatoire sur le plateau de la Justice, laquelle, selon le Géniteur de l’Université de Kindu, est politiquement instrumentalisée et même téléguidée.
Qu’à cela ne tienne, l’homme sortira indemne de cette cabale politique !