Par CAS-INFO
Violente répression et églises profanées. Voilà l’image qui restera dans l’histoire de ce 31 de décembre 2017 en RDC. Une journée de grandes manifestations, hostiles au président Kabila, appelées par le Comité des Laïcs de l’église catholique. Mais, comme il fallait s’y attendre, le régime de Kinshasa a chargé. Et violemment. Sur des civils non armés, selon les témoignages recueillis à travers le pays.
#RDC d’un côté, la croix, images de Jésus. de l’autre côté des mitrailleuses, fusils d’assaut, lance-roquettes et des chars de combat. pic.twitter.com/VzVjpd5qkn
— Michael Tshibangu (@MichaelTshi) 31 décembre 2017
Dimanche soir, le dernier bilan des sources onusiennes faisait état de 8 morts. 5 victimes, dont un policier, selon le décompte du gouvernement congolais.
Au défi leur lancé par l’église catholique, les autorités congolaises ont ainsi, sans surprise, répondu par la manière forte. D’abord, par un blackout général. Depuis samedi, à 23 heures, le pays est totalement coupé du monde, après la suspension de l’internet et des sms. « Pour raison de sécurité d’État », s’est justifié le ministre des télécommunications, le transfuge de l’opposition, Emery Okundji. Voilà qui annonçait les couleurs du gouvernement.
« Si nous ne marchons pas, nous ne sortirons pas de l’esclavage »
Dès la fin de l’office, dans plusieurs paroisses de la capitale, policiers et militaires, postés la veille devant les temples de Dieu, n’ont pas tardé à passer à l’action. Tirs et gaz lacrymogène à la paroisse Saint Joseph de Kalamu. Ici, les fidèles ont eu juste le temps d’effectuer quelques mètres de marche avant d’être chargés. Une femme a pris une balle dans la tête.
Y a-t-il pire crime contre l’humanité que le massacre de manifestants ayant pour seule arme leur bible ? Y a-t-il pire sacrilège que lancer des lacrymogènes dans des lieux sacrés ? Au-delà des sanctions, tous les instruments du droit international doivent être mis en branle ! pic.twitter.com/n8iiIRniuw
— Olivier Kamitatu (@OlivierKamitatu) 31 décembre 2017
À quelques kilomètres de là, le courageux officiant de la paroisse de Kingabwa ne fait dans la demi-mesure. « Nous avons dit qu’aujourd’hui, nous allons marcher. Il s’agit de notre terre. Si nous ne marchons pas, nous ne sortirons pas de l’esclavage », a harangué, le prêtre. Mais, comme partout, à Kinshasa et globalement, à travers le pays, les forces de l’ordre n’ont laissé aucune chance aux manifestants. C’est le cas à l’église Saint Michel, dans la commune de Bandalungwa, où se trouvait l’opposant Vital Kamerhe. Des proches du leader de l’UNC ont évoqué « des commandos » lourdement armés et « parlant Anglais », qui n’ont pas hésité à tirer du gaz lacrymogène à l’intérieur de l’église.
Les rares images, de l’émission « Tokomi wapi ? », diffusée sur internet ont montré des véritables scènes de racket. Des policiers tirant en l’air et vidant les poches des civils qu’ils pourchassaient. Et bastonaient.
Policiers ou voleurs? portefeuilles, téléphones portables, #voyoucratie #RDC pic.twitter.com/H0cCrpzgpj
— Michael Tshibangu (@MichaelTshi) 31 décembre 2017
Des scènes surréalistes, qui remettent un peu plus en lumière la gravité de la crise que traverse le pays et ses effets économiques, sur, aussi bien les forces de l’ordre que la population. En coupant internet, Joseph Kabila espérait réprimer et étouffer la contestation loin des regards. Raté. Des slogans « mandat esili », le « mandat est terminé » ont raisonné dans les rues de Kinshasa. Le monde a vu que le pays va mal. Et l’année 2018 s’annonce plus que jamais mouvementé sur le bord du fleuve Congo.