Cette fois-ci, c’est un grand marché de Kinshasa qui était la cible. Et le scénario n’a pas changé. Quelques hommes légèrement armés arborant un bandeau rouge autour de la tête, attaquent un commissariat de police, une prison ou un parquet… Les Kinois commencent à connaitre la chanson par cœur.
Ce vendredi 14 juillet 2017, 2 personnes ont fait les frais de cette nébuleuse milice, selon le bilan donné par la police dans la soirée. Les victimes sont, l’administratrice de « Zando », Chantal Mboyo, et un policier, tués, dans une panique générale qui a provoqué l’interruption brusque des activités dans le plus grand centre commercial de la capitale.
« Après la prison centrale de Makala, le parquet de Matete, celui de Kalamu et d’autres prisons en provinces, il est clair qu’on est de plein pied dans le schéma burundais », analyse un observateur de la vie politique à Kinshasa, qui ajoute que la « Nkurunzization » du pays est en marche.
Cette série d’attaques intervient en effet dans un contexte politique tendu, où plane le spectre du report des élections prévues normalement à la fin de l’année. Après l’annonce de l’« impossibilité » par le président de la Commission électorale de tenir les scrutins en 2017, l’Opposition est vent debout et exige déjà le « départ » du chef de l’État Joseph Kabila en cas d’absence d’élections au 31 décembre 2017 tel que le prévoit l’accord de la Saint Sylvestre. Ce dont ne veut pas entendre parler la Majorité présidentielle.
La situation rappelle celle du Burundi voisin. Depuis près de 3 ans, le pays est plongé dans une crise politique similaire, liée au maintien du chef de l’État Pierre Nkurunziza au pourvoir en 2014 après l’expiration de ses deux précédents mandats. Réélu en 2015 malgré la contestation contre une 3e candidature, ce dernier avait brandi le prétexte de l’absence du suffrage universel en 2006 [aux sortir du dialogue d’Arusha, c’est le parlement qui l’avait élu, NDLR], pour justifier son droit à un 2e mandat pour un vote populaire (et non un 3e donc).
Depuis, le pays fait face à un cycle de violence permanente : attaques à la grenade comme c’était encore le cas dans le nord du pays le 9 juillet dernier, ou, à Bujumbura, au mois de Juin 2017. Attaques ciblant à la fois l’Opposition et les jeunes « Imbonerakure » du parti au Pouvoir – assassinats et opposants en exil… Bref, un schéma du chaos que semble vouloir emprunter la RDC. À défaut de retrouver le chemin des urnes.