Par Jean Mike Botahu, politologue et expert en communication institutionnelle

Dans la perspective des élections des membres du Bureau définitif de la chambre haute, l’Union sacrée de la nation a prévu des postes pour chaque région du pays. En d’autres termes, la géopolitique a été bien prise en compte.

C’est ainsi que le poste de questeur est réservé au Grand Oriental, en clair aux nouvelles provinces qui faisaient partie de la Province Orientale. La tâche a été donnée à leurs leaders de choisir la personne qui devrait être présentée pour son élection à ce
poste. Curieusement, pour occuper ledit
poste, voilà que se positionne une dame qui a mis en ruine une grande entreprise publique, et qui, pour échapper aux poursuites judiciaire, s’était «réfugiée» au Sénat.

Cette dame n’est autre que Carole Agito Amela, celle-là même dont l’évocation du nom fait rappeler aux agents et cadres de la société nationale d’assurances (SONAS), les pires souvenirs de sa gestion chaotique.

En effet, l’on se rappelle notamment que face à la mort qui les guettait avec leurs familles, les cadres et agents de l’assureur national avaient adressé, le 17 novembre 2016, à l’ancien président Joseph Kabila, une lettre intitulée « S.O.S : il ya génocide social à la SONAS ».
Dans cette lettre, les signataires lui faisaient
savoir que « la Sonas est plongée dans un coma à cause de sa mauvaise gestion éhontée, en témoignent les arriérés de salaires et gratifications monstres », avaient-ils mentionné en première page.

Les prouesses macabres de Carole Agito

Les agents et cadres ironisaient en indiquant que ce sont là les prouesses de Carole Agito et de son comité de gestion: 30 mois
d’arriérés de salaires; 19 mois de gratifications non payées à la Direction générale. De même, les retraités, eux, attendaient le mois de mai 2014; mais aussi les années 2015 et 2016. Dans la même lettre, le collectif mettait également en cause Carole Agito et la Direction des Services généraux sur l’absence de bulletins de paie « sans raison » depuis 2013. Les
cadres et agents de cette entreprise publique se demandaient alors « où était le social prôné par le Gouvernement » de l’époque.
Par ailleurs, ils accusaient Agito d’ « insubordination » face aux ministres et à
l’Administration publique pour avoir refusé d’appliquer la lettre N°0604/MINPF/MM/DM/LMM/2012 du 20 septembre 2012 de l’ex-ministre du Portefeuille, Louise Munga, réhabilitant les cadres et agents licenciés « illégalement » pour avoir revendiqué leurs droits.
Quelle leçon morale et professionnelle tirée de cette attitude? s’interrogeaient-ils.

Le collectif précise plus loin dans sa lettre qu’il est incompréhensible qu’il y ait arriérés de salaire à la Sonas d’autant plus que les
productions réalisées suffisaient pour payer mensuellement l’ensemble du personnel dont le montant était évalué à 1.300.000
dollars US dans lequel la Direction générale consommait 600.000 dollars pour le paiement des salaires mensuels et répondre positivement de son objet so-
cial.

Des exploits macabres Dans cette correspondance, le Collectif des cadres et agents de la Sonas déploraient la descente aux enfers de cette entreprise publique, mais aussi la non-assistance dont ils
étaient victimes de la part de l’Etat. Ils dénonçaient par ailleurs « énergiquement » les actions judiciaires initiées par Carole Agito et la Sonas contre Bamanayi Kam-
bala, un délégué syndical élu. Arrestations arbitraires, corruption pour diviser les grévistes, licenciements abusifs, affectations punitives dans les recoins perdus du pays… Tel fut le sort réservé aux agents insoumis. Enfin, le collectif dressait le portrait de l’entreprise en mentionnant qu’elle « ressemble à un bateau ivre qui a atteint l’overdose qu’il faudra rapidement stopper et c’est depuis l’avènement du comité
Agito ». Accointances avec les caciques du régime sortant pour les observateurs,
le fait que Carole Agito n’ait jamais été écartée de la direction de cette société, montrait au grand jour, les relations très suspectes qu’elle entretenait avec les dignitaires du régime de l’époque. De sorte que les médias qui refusaient de «vanter ses mérites», étaient bannis dans les milieux de cette entreprise publique. Pendant que les agents étaient impayés, les médias acquis à sa cause parlaient de ses actions d’indemnisation des victimes de sinistres. De la pure propagande communicative.
Ne pouvant pas du tout affronter la concurrence de nouvelle sociétés d’assurance nées à la suite de la libéralisation du secteur, l’éternelle DG ai choisit de se « réfugier » au Sénat, ce qui lui permet de bénéficier de l’immunité parlementaire et d’échapper, croit-elle, à toute poursuite éventuelle. L’opinion publique espère donc que les sénateurs ne tomberont pas aux charmes de Carole Agito dont le bilan à la tête de la Sonas est plus que catastrophique. Qu’ils portent leur choix plutôt sur un sénateur ou une sénatrice qui fera l’honneur de cette partie du pays.