Par Siméon Isako

Réunis à environs 2000 Km de la capitale, à Lubumbashi quelques leaders de l’opposition congolaise ont échangé le vendredi 14 avril 2023 sur l’avenir du pays et de leurs partis politiques.
Martin Fayulu, Delly Sessanga, Moïse Katumbi, Matata Ponyo ont, à l’occasion pris des décisions pour disaient-ils « sauvegarder l’unité et la souveraineté de la nation et bâtir un État de droit fondé sur une véritable démocratie dans le respect de nos diversités« .

Ces derniers combattent ce qu’ils qualifient « d’injustice, impunité, népotisme et tribalisme devenus monnaie courante du pouvoir politique actuel« .

Évoquant la situation socio-économico-politico-sécuritaire du pays, ces leaders déplorent la dégradation causée essentiellement par « un déficit paroxystique du leadership et de gouvernance des animateurs actuels des institutions »

Se disant conscients de leurs droits et devoirs , cette frange de l’opposition a fait plusieurs exigences à l’issue de sa rencontre à Lubumbashi.
La position prise par ces acteurs politiques de l’opposition fait réfléchir deux fois les analystes et observateurs de la vie politique en RDC.
Alors que certains estiment que les exigences d’une frange de l’opposition réunie autour de Moïse Katumbi sont fondées, d’autres en revanche pensent que ce sont des alibis soulevés pour freiner « la bonne évolution » du processus électoral qui doit chuter par la tenue des élections le 20 décembre de cette année courante.

Refaire le bureau de la CENI

Depuis plusieurs mois, l’opposition médit et réclame la désignation de nouveaux mêmbres du bureau de la CENI chapeauté par Denis KADIMA .
Personne n’en croit ses oreilles. Rien qu’en imaginant le temps qu’avait mis les parties prenantes pour la composition complète de l’actuel Bureau de la CENI, on se demande à nouveau la durée que prendra ce nouveau processus au cas où il est accepté par tous. Dans la mesure où cette idée est validée par les parties en présence, un impact considérable sera ressenti dans l’exécution du calendrier électoral et pourrait être à la base du report des élections.

Pour ceux qui ont un esprit d’examen, ceci permet de voir la vraie face des gens,des politiques congolais qui se disent être du côté de la population. Au moment où la population attend de pied ferme les élections, parler de la recomposition du bureau de la CENI, serait renvoyer les élections à un ou deux ans car nous le savons tous, personne ne fera l’unanimité même pas Jésus-Christ d’où l’inévitable glissement. Imaginer, le temps que prendra chaque composante pour envoyer les noms de ses candidats, de les retenir, de statuer leurs cas par le parlement, de les investir afin qu’ils se mettent au travail…
Hier Katumbi, Fayulu, Matata, sessanga étaient d’accord d’aller aux élections avec ce bureau et cette loi électorale. Mais qu’est-ce qui explique ce retournement intentionnel de la situation si ce n’est qu’un glissement dont ils souhaitent. Ces derniers se verraient-ils mal partis pour gagner les élections en 2023?

La révision de la loi électorale

Le caractère premier de l’actuelle loi est impersonnelle et n’avantage aucune classe politique.
Cependant Fayulu, Matata, Katumbi, Sessanga exigent une nouvelle loi électorale qui correspondrait à leurs attentes alors ça laisse à désirer. Il y’a vraiment de quoi s’interroger quant à ce. Soit on veut aller aux élections, soit on veut tourner autour du pot pour se retrouver très loin des élections. Réviser la loi électorale c’est donner des jours et des nuits de débats aux parlementaires de l’opposition et de la majorité et passer inutilement le temps. Pour plusieurs analystes, si la CENI, le gouvernement et le parlement veulent aller aux élections et surtout s’en tenir au délai constitutionnel, ils doivent se passer des alibis qui freinent l’évolution de ce processus.

La recomposition de la Cour constitutionnelle

Une autre revendication qui sort totalement de la logique, invraisemblable! Les juges de la cour constitutionnelle sont des élites intellectuelles, sont à rechercher. Vouloir la refonte de cette cour, n’est rien d’autre que la manifeste intention de tirer en longueur les choses pour occasionner un éventuel glissement.

Les candidats présidents et la justice

À ce jour, personne ne peut prétendre être candidat à un niveau des élections, car ce privilège reste à la centrale électorale de publier la liste ou les listes des candidats aux élections à chaque niveau et ce, conformément à la loi. Mais pourquoi toute cette agitation au sein de la classe politique congolaise et surtout pour les prétendants à la présidentielle ?
Le politicien congolais a la manie de faire croire à la population qu’être à l’opposition c’est avoir des réputations immaculées, être à l’abri des poursuites judiciaires. Et que quand on se range dans l’opposition, on est exempt de tout. Pire mensonge. Matata Ponyo par exemple, pour ne citer que celui-ci, est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusations notamment dans les affaires Bukanga-Lonzo et Zaïrianisation. Mais pour ce dernier, se ranger du côté de l’opposition serait un meilleur moyen de prouver à la face du monde que les griefs qui pèsent sur lui seraient une machination politicienne, une façon de s’attirer la sympathie de la population et de la communauté internationale, mais en réalité c’est saper la justice de ce pays qu’on veut réparer et décourager les efforts des congolais qu’on prétend diriger. Cette exigence, tient seulement à rendre des opposants non justiciables malgré leurs forfaits.

Des analystes qui se sont confiés à CAS-INFO, estiment que l’opposition n’est pas prête pour les élections mais plutôt crée sournoisement un terrain du glissement et obtenir une transition avec Félix Tshisekedi à la tête du pays.
Cette transition permettra à chacun de ces leaders de se repositionner politiquement et financièrement afin bien affronter les élections dont ils ne veulent pas la tenue à la fin de cette année.