Par CAS-INFO

Que se passe-t-il à Mbujimayi. Les nouvelles en provenance de la capitale locale de la province du Kasaï-Oriental sont alarmantes. Inflation sur le marché, dépôts de vente des principales denrées, vides, ou encore le manque criant d’eau potable. Le quotidien des habitants de la ville du diamant est depuis quelques mois un véritable calvaire, comme a pu le confirmer mercredi le programme « Franck Ciola Wetu » diffusé sur internet et comme CAS-INFO a pu le vérifier.

De comptoirs d’achat de diamant, qui ne gardent plus que leurs noms, au marché central de Bakwadianga, en passant par la ville MIBA, ancien camp des directeurs de l’ancienne prestigieuse société minière. Partout, les Mbujimayiens ne cachent plus les jours difficiles auxquels ils font face. « Nous mourrons de faim », lance un acheteur de diamant, au « comptoir » Pemade, près du Rond-point de l’Étoile. Entouré de ses collègues, tous visiblement submergés par la cruauté de la crise sociale qui frappe la ville, le jeune « trafiquant » refuse de se cacher derrière son petit doit, devant la caméra qui l’interroge. « Nous devons dire les choses telles qu’elles sont. L’enjeu ici, c’est le manque de maïs, nous n’avons pas de quoi manger. C’est un besoin urgent, on n’en peut plus ».

« Nous espérons que Fatshi tiendra ses promesses »

À Mbujimayi, en effet, le maïs, aliment de base, fait défaut. En quelques semaines, le prix de la farine extraite de la graine blanche, est passé de 4000 FC à 8000 FC. Une augmentation vertigineuse qui s’explique par la difficulté de transport pour acheminer les produits de première nécessité des grandes fermes situées à 300 km autour de la ville ou en provenance des provinces de l’ex Katanga. « Nous demandons au Président Tshisekedi d’ordonner l’envoi vers le Kasaï des wagons [de maïs] bloqués au Katanga », plaidait il y a quelques jours devant le même micro de « Franck Ciola Wetu » une vendeuse de maïs au marché Bakwadianga abandonnée par les clients.

La ville de Mbujimayi est le fief historique de l’UDPS et c’est ici que l’actuel président a réalisé des scores soviétiques lors des élections du 30 décembre 2018. Ici, tout le monde n’a d’yeux que pour « Fatshi » et veut croire que la situation finira par s’arranger. Pour d’autres, cependant, ventre affamé n’a point d’oreille. Ils n’hésitent pas à interpeller leur champion. « Nous l’observons et espérons qu’il tienne ses promesses. Dans l’espoir qu’il ne nous oublie pas», soupire un conducteur de taxi moto lassé par les tracasseries policières.

À l’image de l’ensemble du pays, le flou politique qui règne à Kinshasa provoque une crise socio-économique qui affecte particulièrement les ménage les plus modestes, et le Kasaï-Oriental n’en est pas épargné. Même si à Mbujimayi, une ville qui n’a longtemps survécu que grâce au diamant d’une MIBA devenue moribonde, on croit vivre la pire des catastrophes sociales. Eau potable, électricité, routes. Rien de tout cela n’est visible à Bakwanga. Arrivées au pouvoir après 12 ans de gestion tout aussi peu brillante de Ngoyi Kasanji, les nouvelles autorités provinciales sont accusées de ne rien entreprendre pour soulager la souffrance de la population. «Par contre, ils jouissent maintenant tout seuls avec leurs familles ».