Mukwege, Chaire internationale Mukwege

De Liège, Yvon Muya

C’est, dans un amphithéâtre de l’Europe, de l’Université de Liège, archicomble, que le premier Congrès de la Chaire internationale Mukwege a démarré, mercredi. La reine Mathilde, épouse du roi de Belgique, Philipe, venue spécialement de Bruxelles. Le président du Parlement europeen, David Sassoli, en vidéo, depuis la capitale belge. Ou encore, les représentant des Nations unies et de l’Unicef. Toute la crème politique de haut niveau était au rendez-vous pour inaugurer les chantiers initiés par le docteur Denis Mukwege pour continuer à « réparer » les femmes et les jeunes filles victimes des violences sexuelles.

Jusque vendredi 15 novembre, les universitaires venus de quatre coins du monde vont échanger autour du thème, « Bâtir un futur pour les femmes et les enfants victimes de violence sexuelle dans les conflits : une responsabilité internationale ». Objectif, élaborer les pistes de solution pour, surtout, aider les victimes à se reconstruire. Car pour le Prix Nobel de la Paix 2018, « il ne faut pas se concentrer uniquement sur les bourreaux mais aussi sur les victimes », a exhorté le célèbre gynécologue.  Le fondateur de l’hôpital de Panzi, propose pour cela un modèle « holistique » de prise en charge qui s’articule en quatre piliers : la prise en charge médicale, psychologique, la réinsertion socio-économique et la prise en charge juridique des victimes. L’idée restant, la même, comme il l’a rappelé : permettre à la femme violée, de « trouver des réponses sur le plan médical, socio-économique et psychologique », tout en poursuivant sur le plan juridique les auteurs de viols.

« La prise en charge des survivants donne un espoir », s’est réjoui pour sa part le Président du Parlement européen. David Sassoli, a par ailleurs, assuré que son institution travaillait « sans relâche » pour combattre toute forme de violence contre les femmes et les enfants.

« Il faut agir vite et ne pas attendre la fin des conflits. Les droits des mineurs est une priorité. Nous sommes [Parlement européen] vos partenaires dans ce combat », a-t-il promis. Alors que plusieurs États rechignent à ratifier le pacte d’Istanbul signé en 2011 pour prévenir les mêmes violences.

C’est bien pour cette raison que les universitaires se mettent au travail au cours de ce forum. Face à la léthargie des gouvernements, les intellectuels réunis à l’Université de Liège vont tout mettre en œuvre pour répondre à l’évidence de la preuve, comme leur a exhorté Denis Mukwege. Histoire de mettre les dirigeants du monde devant leurs responsabilités. Pour l’organisation du forum, ce combat de la protection de la femme, est en tout cas déjà gagné. Alors qu’ils comptent dans leur rang un Prix Nobel de la Paix que tous ont couvert de fleurs.

« Qui aurait cru que nous serions là aujourd’hui assis avec un Prix Nobel de la Paix et les autorités du pays pour parler des plus vulnérables d’entre nous », s’est écriée Françoise Tulkens, Professeure émérite à l’Université Catholique de Louvain et ancienne magistrate à la Cour des européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Dans un discours magistral contre les contradictions de la Déclaration universelle des droits de l’homme et la violation de la dignité humaine par les viols des femmes. « D’abord, ils nous ignorent, là, vous combattent. C’est vous qui gagnez », a-t-elle lancé en empruntant à Ghandi une citation qui tombe à pic. Devant le drame des femmes qui se joue devant la face du monde.