Ça devait être une grande marche de protestation. La manifestation de l’opposition qui visait à déposer un mémorandum au Palais présidentiel, s’est finalement jouée dans les quartiers, par des petites marches parcellaires, a annoncé Martin Fayulu, un des leaders de l’opposition, satisfait d’avoir « déjoué les carnassiers » qui s’apprêtaient selon lui à faire des nouvelles victimes. « Nous avons voulu éviter un bain de sang dans Kinshasa », a renchéri sur France 24, Olivier Kamitatu, proche de Moïse Katumbi.
En effet, tôt le matin lundi, la police avait déjà miné le terrain. Camions anti émeutes, policiers et à certains coins chauds de Kinshasa, des militaires armés jusqu’aux dents prêts à réprimer le moindre attroupement. Difficile pour les organisateurs de prendre le risque d’exposer leurs partisans après les violentes manifestations de septembre et décembre 2016 dont les blessures sont encore fraiches dans tous les esprits.
En tout cas, la Majorité présidentielle n’a pas hésité à s’engouffrer dans la brèche pour crier à un « échec cuisant ». Ainsi s’est empressé de trancher le président de l’Assemblée nationale et chef de la Majorité Aubin pour lequel le Rassemblement n’a pas réussi à faire sa démonstration populaire.
Problème. Quelques minutes plus tard, le porte-parole de la même MP dénonçait le fait que l’appel à la mobilisation lancé par l’opposition avait poussé les gens à rester à la maison. « Le pays besoin de travailler », a déploré André Alain Atundu. Preuve, s’il en était, que le gouvernement qui a misé sur la dissuasion en déployant en masse les forces de l’ordre dont le réflexe à réprimer l’opposition n’est plus à démontrer, a été pris de court.
Ceci dit, le problème n’est pas réglé. Il en faut plus pour convaincre Joseph Kabila de la profondeur de la crise. L’air de rien, malgré ce signal fort inattendu adressé à la classe politique par la population, le chef de l’État a reçu son nouveau Premier ministre Bruno Tshibala. Droits dans leur botte, Kabila et Tshibala mettent désormais le cap vers la formation du nouveau gouvernement.
Une manière de dire au Rassemblement, vous avez la rue, nous avons le pouvoir.