Elle parle rarement ou pas du tout. « Maman » Marthe, la veuve d’Étienne Tshisekedi, a pris la parole ce jeudi. Et pour mettre en cause directement le chef de l’État. Invitée de Tv5 Monde, l’épouse du leader historique de l’opposition a accusé le gouvernement et nommément le président de la république de la république de « refuser » que le corps de son mari soit enterré dans son pays natal.
« Je suis venue sur ce plateau pour faire appel à tous ceux qui connaissaient mon mari, pour les sensibiliser et leur faire comprendre ma douleur », a, délacé, d’une voix chargée d’émotions, l’épouse de l’opposant décédé le 1er février 2017. Cela fait, en effet, 6 mois, depuis sa disparition, et le gouvernement « refuse » qu’on aille l’enterrer dans son pays natal, s’est-elle indignée.
En cause, le Chef de l’Etat Joseph Kabila, et les manœuvres du ministre de l’intérieur Emmanuel Shadary, accusé, lui, de bloquer la signature devant déclencher le processus du rapatriement de la dépouille et son inhumation. « Dans nos coutumes bantous, je n’ai jamais vu ça », s’est désolée « maman » Marthe en lançant un appel aux Chefs d’États du monde, d’Afrique et aux premières dames du continent, d’intervenir.
Le blocage de la dépouille d’Étienne Tshisekedi retenue toujours à Bruxelles, tient davantage aux facteurs politiques qu’administratives. Ainsi que l’a souligné le journaliste de Tv5 Monde en faisant référence aux débordements que redouteraient les autorités de Kinshasa le jour du rapatriement du corps du très populaire opposant. Réponse de Marthe Tshisekedi :
« L’année dernière, nous étions arrivés au mois de juillet avec mon mari. Il y avait des millions de personnes dans la rue pour nous accueillir, et il n’y avait pas de débordements. On nous a accueilli avec joie jusqu’à la résidence. Aujourd’hui, je ne crois pas qu’il y aura débordements. S’il y a débordements, ce sera de leur côté ».
Même mort, Etienne Tshisekedi fait peur. Le fait qu’il soit resté constant, bravant prison, relégué au village natal etc n’a jamais laissé le pouvoir insensible, de Mobutu à « Kabila fils » en passant par le vrai Kabila dit père.
Seulement, les congolais qui cautionnent ce manque de respect dû au mort le paieront cher un jour. Je pense ici à Shadari, She Okitundu, Mende, Kimbuta et consort.
C’est un réel appel à la mobilisation tant au niveau national qu’international qui peut amener le peuple à se soulever pour la dignité de son icône. J’espère que Kabila va entendre la voix de la raison. Mais rien n’est moins sûr.