Le corps d'Étienne Tshisekedi exposé au palais Heysel de Bruxelles

Avant sa mort, Étienne Tshisekedi occupait déjà une place centrale dans le débat politique en République Démocratique du Congo. Cela n’a pas changé en ce moment où le Sphinx de Limete se repose dans son sommeil éternel. Sa mort devient même l’enjeu majeur de l’avenir de l’Accord politique de la Saint Sylvestre, confie à CAS-INFO un observateur de la vie politique congolaise.

Et même si un ministre du gouvernement Badibanga, issu du parti présidentiel balaye d’un revers de la main toute crainte de l’opposition de voir la Majorité présidentielle profiter de ce malheureux évènement pour piétiner le compromis, ce n’est pas le cas de Kin Kiey Mulumba. Intervenant samedi dans une émission à la télévision nationale, l’ancien ministre, éjecté du dernier cabinet, n’a pas mâché ses mots pour jeter le doute sur un accord déjà fragile.

« La disparition de Tshisekedi aura des conséquences sur l’accord du 31 décembre », a-t-il martelé. Et d’ajouter : « maintenant qu’il n’est plus là et qu’il était désigné nommément à la tête du Conseil national de suivi de l’accord […], maintenant que Dieu nous l’a pris, que vaut l’accord ? ».

Félix ou rien

Le dernier ministre de communication de Mobutu est un habitué de provocation, lui qui avait déjà plaidé ouvertement, fin 2015, pour le maintien de Joseph Kabila à la tête du pays margé l’interdiction par la constitution. La mort de l’« unique » vrai patron de l’opposition le relance dans l’exercice qu’il affectionne très bien. Car, Il propose, ni plus ni moins, la révision totale de l’accord. Mieux, « des consultations populaires ou le référendum », fin de citation.

Mais, en face, on entend aussi jouer la carte Tshisekedi pour maintenir la pression sur le pouvoir. À l’image du député Martin Fayulu. Ce dernier a jeté un pavé dans la marre vendredi en exigeant sur twitter la nomination de Félix Tshisekedi, fils de l’illustre disparu, au poste de Premier ministre avant les obsèques de Kinshasa.

Si cette pression a très peu de chance de bouger d’un iota le chef de l’État qui reste désormais seul maitre à bord, l’opposition devra compter sur l’appui de l’église catholique, mais aussi, de la communauté internationale pour faire pencher la balance.

De Marcel Utembi (président de la Cenco) au département d’État américain en passant par l’Union Africaine. Tous, ont estimé, dans un concert d’hommages, que la meilleure façon de rendre hommage à Étienne Tshisekedi était d’appliquer l’accord de la Saint Sylvestre.