C’est le Soft international, un journal pourtant pro gouvernement qui lance le soupçon. Dans son édition n°1390 du mercredi 15 mars, le tabloïde congolais rappelle que dans son compte-rendu du dernier Conseil des ministres, le gouvernement par le biais de son porte-parole Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des Médias, a été sans équivoque: « des billets de banque destinés à l’incinération ont été remis en circulation. »
Même si le ministre n’a pas donné de détails, l’accusation, venant du Gouvernement, portée à l’endroit des dirigeants de la Banque centrale est extrêmement grave.

Selon le journal, il s’agit d’une opération criminelle qui ne peut être faite que par des agents de la BCC eux-mêmes. La Banque Centrale du Congo a sapé la monnaie nationale déjà en très mauvaise passe face à la devise étrangère et qu’elle est censée protéger par dessus tout, a dénoncé le Soft. Le dollar américain qui s’échangeait, il y a peu, à CDF 950 serait en passe de dépasser les CDF 1400…

C’est une banque commerciale locale qui a donné l’alerte sur les faux billets de CDF 5.000 en informant des «cambistes» (changeurs de monnaie de rues). «Les billets qui vous ont été remis contre de la devise sont des faux», a expliqué un banquier à nos confrères.
Parmi la clientèle de ces cambistes, nombre de hauts fonctionnaires et des agents de la BCC. Du coup, le rôle de la Banque centrale est plein. Entre deux yeux, elle avoue des «dysfonctionnements internes».
DEMARCHE SUSPECTE.

La BCC a certes émis des consignes de vigilance. Mais, selon Rfi, «cadres et agents de l’Institut d’émission sont cités comme faisant partie du réseau des fossoyeurs de la monnaie. Des médias locaux ont révélé que des matrices de billets de francs congolais, soustraites de la Banque centrale du Congo, ont été cédées à des contrefacteurs et installées dans un pays asiatique». Vrai ou faux, le président de la Confédération des changeurs, Donat Lengo a une explication qui accable encore plus la BCC: «Nous avons reçu des billets de banque provenant de la Banque Centrale du Congo, de même que des officiels dont on devait faire des dépôts dans une banque commerciale de la place (ndlr, la Rawbank) et c’est la banque qui nous a dit qu’on nous avait remis des faux billets».

Du coup, l’autorité monétaire s’est réveillée pour dénoncer, à son tour, la circulation de la fausse monnaie. La population appelée à la vigilance sans lancer une véritable campagne. Pour nombre de Congolais, loin d’être patriotique, cette démarche est suspecte. «L’explication de la Banque Centrale du Congo se base sur les numéros, sur les filigranes. Cela ne veut pas dire que ce sont des faux billets, non. Ce sont des billets qui sont sortis de la Banque Centrale elle-même et il y a eu, peut-être, un raté dans l’impression et malheureusement, un réseau mafieux interne a mis ces billets en circulation», explique un connaisseur.

Des accusations à prendre très au sérieux sachant que le journal est une propriété de l’ancien ministre de relations avec le Parlement Kin Kiey Mulumba. Entre temps, les petits commerces sont préjudicies au fait que certains clients redoutent de tomber sur un faux billet.