C’est l’accusation choc du weekend. À l’issue d’une enquête réalisée auprès des survivants de la violence au Kasaï et des réfugiés qui ont fui en Angola, l’ONU n’exclut pas des exécutions perpétrées sur base des origines ethniques. Des attaques qui portent la signature de la milice Bana Moura, « avec l’appui de l’armée et la police », selon le rapport du Haut-commissariat aux Droits de l’Homme rendu public vendredi.
D’après ce document, « les Bana Mura auraient initié une campagne visant à éliminer l’ensemble de la population Luba et Lulua dans les villages pris d’assaut ». Des crimes, qui peuvent constituer une atteinte au droit international, relève ce rapport, aussitôt, contesté par le Gouvernement Congolais.
Car pour Kinshasa, les témoignages recueillis auprès des réfugiés sont peu crédibles et difficile à vérifier. De quoi accuser le Haut-commissaire au droit de l’Homme, Zeid Al-Hussein, de manquer de « neutralité » et d’être instrumentalisé par les puissances hostiles « qui veulent déstabiliser le pays », a indiqué un communiqué officiel vendredi.
Pour autant, depuis le début du conflit en août 2016, les victimes se comptent par plusieurs milliers. Plus de 3000, selon le dernier décompte de l’église catholique. Sans compter les fosses communes découvertes sur après jours et qui se chiffrent désormais à plus de 80.
Malgré l’ampleur de la situation, l’ONU n’avait pas réussi, en juin dernier, à mettre en place une commission d’enquête indépendante, se soumettant à l’intransigeance de Kinshasa déterminé à garder la main sur les investigations. Alors que les 3 experts internationaux des Nations-Unies sont attendus sur le territoire congolais en septembre prochain, le rapport du Haut-Commissariat sonne comme un signal fort : Les enquêtes se feront sous le commandement de la RDC, mais du côté de Genève, ce niveau de violence ne fait plus sourire. Personne.