En réponse à l’impasse politique dont a accouché le dialogue que supervisait l’église catholique, le chef de l’Etat Joseph Kabila a fait savoir via un communiqué de la présidence de la république qu’il s’adressera à la nation dans les prochains jours.
Dans l’immédiat Joseph Kabila joue l’apaisement. Pour la toute première fois, il a pris acte que le futur Premier ministre devrait provenir du Rassemblement et que « l’impasse actuelle ne devait aucunement signifier une rupture définitive du dialogue », a écrit son chef de cabinet Néhémie Mwilanya tout en rassurant de la volonté du président de poursuivre les discussions, « afin de déboucher, dans un plus bref délai, sur les voies adéquates pour la mise en œuvre effective de l’Accord dit de la Saint Sylvestre », a ajouté le communiqué.
Mais, malgré ce ton apaisé, le président de la république veut garder toutes les cartes en main. Il a appelé les parties prenantes au dialogue à designer à la tête du CNSA – ce poste stratégique de surveillance de la transition – une personnalité consensuelle.
Maintenir la strategie de la division
Pour Joseph Kabila, il s’agit, là, de poursuivre sur la même ligne portée par ses lieutenants et qui vient de faire capoter les négociations. Sachant que le consensus sera difficile à trouver au sein d’une opposition divisée. Entre d’un côté, l’aile dissidente du Rassemblement qui tient à jouer les trouble-fête jusqu’au bout, de l‘autre, les opposants signataires de l’Accord de l’Union Africaine qui lorgnent le poste avec Vital Kamerhe, ou encore, le clan Bazaïba qui veut aussi sa part du gâteau.
Bref, une stratégie de division qui n’est pas sans rappeler un certain Mobutu. Confronté à une forte opposition menée par un certain Tshisekedi tout juste avant l’ouverture officielle de la Conférence Nationale Souveraine en 1991, dans les conditions quasi similaires, le Maréchal avait dû recourir à la même recette et réussir à désorganiser l’opposition.
Mais aujourd’hui, la situation semble beaucoup plus difficile qu’elle n’y parait. Tout simplement parce que le président de la république a épuisé ses deux mandats et il pèse sur lui un procès d’illégitimité.
Joseph Kabila le sait, Il marche désormais sur les œufs. Face à une situation devenue intenable pour les Congolais, un pays menacé par des milices locales d’un bout à l’autre du territoire national, et un mouvement de grogne social sur la table du gouvernement, etc. Les décisions qu’il sera amené à prendre dans les prochains jours seront cruciales pour l’avenir du pays.