Le chef de l’État fait le ménage à la tête de la police nationale. Et ce sont des véritables changements qui touchent la direction de l’un des dispositifs sécuritaires les plus important de l’appareil de l’État. Dans une ordonnance présidentielle lue à la télévision nationale lundi soir, Joseph Kabila remplace le commissaire général de la police. Charles Bisengimana, en poste depuis 2010, est remplacé par le Général major Amuli, qui quitte les FARDC où il était chargé des opérations.
Annoncé sur le départ au début de l’année avant d’écoper simplement d’une suspension d’une dizaine de jours, le tout puissant Général Célestin Kanyama, chef de la police de Kinshasa, cède, enfin, sa place au Général Kasongo Kitenge, pour prendre ce qui ressemble bien à un « garage », la direction des écoles de formation de police.
Dans un climat tendu
À 6 mois de la fin théorique de la transition et dans un climat politique de forte tension, Joseph Kabila décide de poser deux actes politiques à portée symbolique. Alors que des manifestations d’opposants sont redoutées dans les prochains mois, le chef de l’État débarque le duo sous les ordres duquel les manifestants ont été violemment réprimés au cours des derniers mois et donne les commandes à des officiers à priori moins enclins dans la défiance face aux émeutiers.
Le nouveau patron de la police a en effet la réputation d’avoir des relations respectueuses avec les populations civiles. Un atout pour apporter un peu d’apaisement dans ces relations toujours tendues entre le régime et les opposants. Mais alors que la capitale fait face depuis quelques semaines à des actes de terrorisme qui ne dit pas son nom, la nomination du Général Amuli pourrait être une réponse à ce phénomène. Chef d’état major adjoint chargé des opérations, il vient de passer le temps à traquer les miliciens de divers groupes armés dans l’est du pays. Une recette qu’il pourrait bien appliquer contre les tueurs à bandeau rouge qui terrorisent Kinshasa.
La fin de l’« de mort »
En revanche, le départ des deux sortants, pourrait avoir un sens très politique par les temps qui courent. En particulier pour l’ex patron de la police de Kinshasa, le Général Kanyama. Pointé du doigt par les ONG de défense des droits de l’Homme et sanctionné par les États-Unis, celui que les chinois ont surnommé « Esprit de mort », est souvent accusé d’être responsable de la série de répression qu’a connu la ville tout au long de la crise politique . C’était le cas en janvier 2015, lors de la contestation contre une réforme de la loi électorale ou encre en septembre 2016 lors de la forte mobilisation des partisans de l’opposition contre le maintien du chef de l’État au pouvoir. À chaque fois plusieurs morts, de blessés et des réactions internationales.