Par CAS-INFO
C’est l’histoire d’un journaliste congédié et qui fait beaucoup parler. À Kinshasa comme ailleurs sur le continent, le licenciement du congolais Jacque Matand par la BBC passe mal. Son péché, avoir interrogé l’écrivain camerounais, Charles Onana, auteur d’un livre polémique sur le génocide rwandais. Dans la capitale congolaise, plusieurs appellent au boycott des programmes de la radio britannique relayée dans le pays.
L’ancien journaliste de radio Okapi a été définitivement renvoyé par son nouvel employeur pour « faute grave » en lien avec son interview réalisée avec le journaliste et écrivain Franco- camerounais, Charles Onana, auteur de l’ouvrage « Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise ».
Selon la BBC qui se dit faire l’objet de menaces du Rwanda, l’interview de Jacques Matand diffusée fin novembre a violé la politique éditoriale de ce média.
« Le Gouvernement rwandais a accusé la BBC d’avoir été injuste, biaisée et inexacte et a indiqué qu’il se réserverait le droit de prendre des sanctions à l’encontre de la BBC », peut-on lire dans la lettre de révocation signée par Look Thiam, rédactrice en chef de la BBC. Dans son texte, la radio britannique évoque par ailleurs le passé « encore douloureux » entre son média et le pouvoir de Kigali et prévient que le non respect de la politique éditoriale « pourrait avoir des répercussions négatives majeures sur la réputation de la BBC ».
Pour Jacques Matand, le problème est plutôt ailleurs. Le confrère qui assure que son interview de 4 minutes et 20 secondes avait bel et bien été validée par sa hiérarchie precise que son licenciement est en lien avec son engagement syndical.
« Mon combat syndical mettait mal à l’aise mon employeur et ce dernier cherchait déjà par quelle occasion me défenestrer », a-t-il confié à la presse. Alors que la BBC évoque une faute professionnelle grave, le journaliste sanctionné qui ne se reproche de rien estime que l’occasion est mal choisie par son employeur pour le faire partir.
Depuis la révélation de cette affaire, Jacques Matand a reçu plusieurs soutiens dont celui du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication social du Sénégal ( SYNPICS » dont il était d’ailleurs secrétaire général. « Le SYNPICS estime que la décision de licencier sans préavis leur camarade Secrétaire général de la section BBC Dakar est une fuite en avant de la rédactrice qui n’assume pas so Rome de premier responsable de la diffuse tout sujet », a fait savoir le syndicat dans un communiqué.
Pour sa part, Charles Onana qualifie ce licenciement est « d’une action délibérée visant à empêcher les journalistes du monde entier de parler librement de la tragédie de 1994 au Rwanda ainsi que du pillage et de la balkanisation du Congo dont Kigali est aujourd’hui et depuis deux décennies l’épicentre ». Dans un communiqué publié dimanche, l’écrivain camerounais estime que cette mesure « n’est ni plus ni moins qu’une incitation générale à l’autocensure des journalistes ».
Accusé d’avoir demandé et obtenu la tête du journaliste, Kigali a nié toute implication dans cette mesure disciplinaire.