Ville morte, Kabila

« À la suite du rapport final des négociations politiques du Centre interdiocésain fait par les évêques de la Cenco au chef de l’Etat, en date du 28 mars dernier, le Président de la république reçoit en audience ce lundi et mardi 3 et 4 avril 2017, peu avant son adresse devant les chambres parlementaires réunies en congrès, différents groupes de la classe politique et sociale concernés, en vue de baliser la voie de la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016 », a annoncé dimanche soir la Présidence de la République.

Cette annonce pour le moins surprenante intervient à quelques heures du coup d’envoi de la mobilisation de l’opposition pour exiger, justement, l’application de l’accord dit de la Saint Sylvestre. À la journée ville morte décrétée par le Rassemblent ce lundi 3 avril, Joseph Kabila répond donc en s’invitant dans l’actualité.

Créer deux actualités

Outre la volonté du chef de l’Etat de reprendre la situation en main après l’échec de la médiation de la Cenco, il y a bien une autre volonté très machiavélique d’allumer un contre feu. Pour les stratèges de Joseph Kabila, le calcul est simple : ne pas surtout laisser l’opposition triompher, seule, au cours de cette journée test.

En effet, si, Etienne Tshisekedi, le seul capable de paralyser la ville de Kinshasa n’est plus là, la capitale reste toujours majoritairement hostile au pouvoir et les chances de voir l’opposition gagner son pari restent importantes.

Ainsi, pour la présidence de la République, il y aura deux foyers d’actualité ce lundi : l’opération ville morte dont la réussite est un enjeu,un test grandeur nature pour le Rassemblement privé de Tshisekedi, et les consultations au Palais de la Nation sensées envoyer un message discordant, que tout va bien au pays de Joseph Kabila

En tout cas, l’agenda présidentiel de dernière minute est bien calculé : Audiences à la Présidence de la république suivies d’une allocution devant députés et sénateurs le mardi… Face à la crise politique qui s’aggrave jours après jours, Joseph Kabila choisit de se replier sur les institutions pour contrer ses adversaires.