Par Yvon Muya
La polémique autour de la tenue d’un Congrès voulu par Alexis Thambwe Mwamba et contesté par le clan Tshisekedi a peut-être connu son épilogue lundi. Du moins si on s’en tient au principe que les arrêts de la Cour constitutionnelle ne peuvent souffrir d’aucune contestation. Dans celui rendu en début de soirée, la Haute Cour a déclaré «conforme à la Constitution» l’état d’urgence proclamé le 25 mars par le Chef de l’État pour combattre le Coronavirus.
Si cette décision, victoire nette du Président de la république, résonne comme une véritable gifle pour l’ancien ministre de la Justice, dans la bataille de l’opinion, un homme a fait clairement pencher la balance : Jean-Marc Kabund. Relégué au poste de numéro 2 de l’Assemblée nationale, lui la tête d’affiche du parti qui vient de remporter la présidentielle, la position du chef par intérim de l’UDPS au Bureau de la Chambre basse du Parlement n’a jamais été aussi indispensable pendant cette crise constitutionnelle.
Flou constitutionnel et urgence sanitaire
Face aux assauts du FCC menés des mains de maître par le Président du Sénat et devant un Procès en violation de la Constitution qui ne disait pas son nom, en préparation contre le Chef de l’État, l’UDPS avait besoin d’une réponse à la hauteur de l’enjeu. Qui d’autre pour l’apporter que son bouillant patron intérimaire qui arpente depuis plus d’un an les allées, et leurs secrets, de la Chambre basse du Parlement ?
Il faut dire qu’en une demi-heure d’émission sur Top Congo, Jean-Marc Kabund, 10 fois moins diplômé que le «doyen» Thambwe Mwamba, comme il l’a qualifié lui-même, a plié en quatre celui qui est aux affaires depuis les années Mobutu.
Tout d’abord au sujet de l’article 119 querellé de la loi fondamentale. Pour Thambwe Mwamba, en proclamant l’état d’urgence sans l’autorisation préalable du Congrès, le Chef de l’État a violé cette disposition constitutionnelle. Or, d’après Kabund, le Président s’est bien acquitté de cette obligation lors de la réunion du 22 mars qui a précédé son message du 25 mars à la nation et qui avait regroupé autour de lui le Premier ministre et les deux Présidents de deux chambres du Parlement.
En guise d’argument, le chef de file de l’UDPS est allé chercher très loin. Dans… «ce qui semble être une confusion dans la constitution», a-t-il souligné. Avant de dérouler:
«Entre requérir l’autorisation du Congrès (article 119) et la concertation avec le Premier ministre et les Présidents de deux chambres (article 85), le Chef de l’État ne peut que choisir la voie la plus plausible et la moins coûteuse», a-t-il assené en plaidant la notion de l’urgence qui serait «entré en contraction avec la longue procédure de l’autorisation». Si Félix Tshisekedi avait choisi la première option.
Le fait est que l’article 85 qui stipule qu’en cas des circonstances graves menaçant le pays […], le Président de la république proclame l’état d’urgence ou l’état de siège, après concertation avec les 3 personnalités précitées, lui donne bien raison.
Un Congrès à coup des millions…
Mais loin de ce débat technique, c’est la corde sensible que Jean-Marc Kabund a surtout voulu tirer, quitte à exposer un peu plus ses camarades du Perchoir face à l’opinion publique. Tenir un Congrès, c’est selon lui, creuser davantage les caisses de l’État déjà bien éprouvées. Il faudra débloquer, a-t-il lancé sans ménagement, au moins… 7 millions de dollars américains. Oui, 7 millions. Bien sûr le chiffre est exagéré mais le but recherché était ailleurs: présenter aux Congolais deux camps. Celui, le sien, de ceux qui se soucient de la gestion des finances publiques, et l’autre, composé des jouisseurs qui ne ratent pas une occasion pour s’en mettre pleins les poches.
La réaction rapide et vive de deux chambres du Parlement y compris de Thambwe Mwamba montre à quel point Kabund a touché là où ça fait mal. Ces derniers se sont empressés d’évoquer une enveloppe en dessous de 2 millions de dollars pour l’organisation de la grand-messe parlementaire. Une somme toute aussi importante que Jean-Marc Kabund verrait bien être affectée à la lutte contre le Coronavirus. « C’est cela la priorité. ».