Par Siméon Isako

Le débat sur la proposition de loi initiée par l’ancien candidat Président de la République et portée par le député national Nsingi Pululu continue de raviver la polémique entre acteurs politiques, société civile et confessions religieuses.

Dans cette dynamique des réactions la jeunesse congolaise a apporté son soutien à cette initiative.

Interviewé le jeudi 15 juillet 2021 dans son bureau situé sur le croisement des avenues Batetela et Roi Baudouin dans la commune institutionnelle de la Gombe, Patrick katengo, président du forum national de la jeunesse (FNJ) a déclaré qu’il soutient la loi Tshiani.

Plus loin, ce jeune président du FNJ nuance que son soutien est « sous réserve » dans la mesure où il pense que la démarche doit être limitée qu’au niveau de la fonction Présidence de la République.

Patrick Katengo appelle les congolais à se regarder droit dans les yeux et se dire « des vérités » au sujet de cette matière, « susceptible » de diviser les congolais dans la mesure où elle n’est pas « bien comprise« .

CAS-INFO : Bonjour Patrick Katengo !
Patrick Katengo : Bonjour monsieur le journaliste

La proposition de loi sur la congolité vous dit quelque chose ?

Oui, je crois que ça me dit quelque chose. Mais, à ma connaissance, ce n’est pas une loi sur la Congolité. Mais, c’est plutôt une loi qui porte sur le verrou à certains postes bien entendu.

Vous soutenez ou pas cette loi, initiée par Noël Tshiani et portée par le député Nsingi Pululu ?

Ecoutez ! Je soutiens cette loi sous réserve parce qu’il faudrait que ça remplisse, n’est-ce pas, certaines règles avant que l’on accepte. Je voudrais qu’on se limite d’abord au niveau de la fonction présidentielle. Et, c’est pourquoi je parle bien entendu que c’était sous réserve. Pour le reste, je pense que les citoyens qui ne sont pas de père et de mère congolais peuvent l’exercer.

Pourquoi pensez-vous que seulement ce poste de président doit être verrouillé et non les autres ?

Parce que c’est un poste de prestige. C’est un poste qui relève de la souveraineté de notre pays. Je crois que même nos héros de l’indépendance et tous les paires qui se sont battus pour l’indépendance de ce pays, s’ils étaient en vie, je crois que eux aussi n’allaient pas accepter qu’une personne qui n’est pas de père et de mère devienne président de la République. Vous savez, être Président de la République est un poste de fierté. C’est ce poste là qui couvre pratiquement tous les postes en RDC. Le président de la République est commandant suprême des forces armées. Il est le magistrat suprême. Il est celui qui préside tous les conseils des Ministres. Si bien qu’irresponsable devant le parlement. Et donc, c’est un poste qui coordonne presque tout. C’est le symbole même de l’unité nationale. Le poste du président à lui seul, c’est déjà une institution. Alors que pour le reste des institutions comme le gouvernement, les cours et tribunaux, le parlement, il faut plusieurs membres. Le Président, c’est le garant du bon fonctionnement des institutions de la République, toutes les institutions. C’est un poste qui doit être verrouillé totalement. Ça doit être, à mon avis, assumé par un Congolais de père et de mère.


L’église catholique, l’ECC, la coalition de l’opposition Lamuka, le FCC de Joseph Kabila, Ensemble de Moïse Katumbi et plusieurs autres structures de la société civile sont contre cette proposition de loi que vous soutenez, ne craignez-vous pas une division sociale ?

Il n’y aura pas de division. J’appelle tous les compatriotes à comprendre le sens de cette loi qui est la protection de la fonction  »Président de la République« . On s’arrête là. Les autres peuvent émettre des avis. Je suis conscient personnellement que le pays est fragile. J’ai eu à le dire plusieurs fois. Mais, il faut éviter la manipulation aussi l’instrumentalisation au tour de cette question. Parce qu’il faudrait que les congolais réfléchissent assez profondément sur cette question. Voilà pourquoi, je vais proposer qu’il y ait convocation d’un référendum pour que le peuple s’exprime davantage sur cette question. Mais, dans des enquêtes déjà faites, le commun de mortel soutient cette loi, d’abord au niveau des fondamentaux, principalement pour le poste du président de la République. Il faut vraiment étudier et comprendre. C’est un poste de fierté, je le répète. Et donc, il ne faudrait pas qu’il y ait l’infiltration au sommet de l’État. Ce n’est pas tout à fait normal. Nous sommes entourés de neuf pays voisins avec un pays convoité comme la RDC, il faut qu’il y ait non seulement un président qui est verrouillé mais, un vrai patriote qui doit penser à la population et à ses souffrances. Et en abordant le social. En mettant un système éducatif fort qui soit en mesure de booster certains secteurs de la vie. L’entrepreneuriat, les conditions de l’environnement, la médecine et pourquoi pas l’accès des citoyens et surtout des jeunes à des marchés publics. Le tout fera en sorte que notre pays puisse se relever encore davantage. On a besoin des patriotes.

Ensemble pour la République de Katumbi menace de quitter la coalition de l’Union sacrée au cas où ce sujet serait inscrit dans l’ordre du jour lors de la prochaine session. Quelle est votre réaction ?

De quoi ce parti se reproche?. Il faut éviter de faire des menaces, le pays mérite mieux que ça. Pourquoi évoluer sur base des chantages. Ce n’est pas bon pour ce pays. Je l’ai dit et je le répète, ce pays est tellement fragile. Donc, il faut éviter de prendre des positions pour plaire à tel ou tel. Qu’est-ce qui prouve réellement que c’est Katumbi qui est visé ? Et qu’est-ce qui démontre que s’il est candidat il va gagner les élections de 2023 ? Je ne crois pas. Et donc, il faut éviter des agitations. Il y a un cadre qui est indiqué pour faire toutes ces revendications. C’est d’abord au niveau de leur coalition, ils sont de l’Union sacrée. Vous pouvez porter des soucis à cette instance pour pouvoir régler. Mais non pas aller sur base des chantages de vouloir paralyser le pays. Parce que j’ai suivi même certains jeunes qui parlent de vouloir brûler le pays. Il faut être patriote. Il ne faut pas d’abord regarder ses propres intérêts. Ce pays, c’est un pays des promesses. Il faut éviter le forcing, le vouloir intimider, vouloir menacer. Vous pouvez faire toutes ces choses, mais si Dieu n’a pas prédestiné votre leader, vos efforts seront inutiles. C’est Dieu qui oint le roi, Il est l’être suprême.

Ne pensez-vous pas que le président Tshisekedi sera fragilisé avec cette initiative ?

Fragilisé par rapport à quoi? C’est une initiative de quelqu’un qui n’est même pas allié à son parti à ma connaissance. Ce n’est pas un débat qui vient des institutions plutôt d’un citoyen simple mais prise en charge comme par un député au niveau du parlement. Attendons que ce débat soit pratiquement inscrit. C’est aux députés de réfléchir. Mais, s’ils estiment qu’ils doivent recourir au peuple qui doit s’exprimer là dessus, ils doivent le faire rapidement.

La loi Tshiani, une formule pour écarter certains candidats de la présidentielle. Tshisekedi veut baliser son chemin pour être seul en 2023 ?

Cette politique de l’exclusion, nous ne l’avons jamais soutenue. Plusieurs fois, nous tenons à la paix. Nous avons toujours voulu que les gens ne soient pas exclus. Mais, les conditions d’exclusion ont existé. Avant même ce débat qui alimente la politique du pays. Dans la loi électorale, lorsqu’on fixe une caution, par exemple, de 100 milles USD, ceux là qui n’en ont pas n’ont-ils pas été exclus?. Lorsqu’on fixe par exemple l’âge de 30 ans pour devenir président de la République, les plus doués qui ont moins de 30 ans ne sont pas exclus ? Je ne crois pas que cette loi est une exclusion à mon avis.

Un message aux partisans de Moïse Katumbi qui ne jurent que sur la non inscription de cette loi au calendrier de la session ?

Qu’ils évitent des intimidations, des menaces, des chantages. Ce pays a besoin de sa cohésion et son unité nationale. Tous ceux là qui vont utiliser des moyens bavards pour se faire entendre, eux, ils se battent pour leurs propres intérêts. Ceux qui aiment le Congo utilisent les moyens légaux. Les cours et tribunaux. Ils peuvent saisir la cour constitutionnelle, par exemple, pour cette matière. Ils peuvent utiliser les voies et moyens prévus par la coalition qui est là pour entamer un dialogue au tour de cette question. Au lieu des menaces. Nous n’accepterons jamais qu’un Congolais se permette de briser l’élan qui existe déjà.

Merci Patrick Katengo
c’est moi qui vous remercie pour l’opportunité.