Par Jean Pierre K
La crainte de perdre la bataille était bien réelle. Jusqu’au dernier moment avant le scrutin, rien ne semblait gagné d’avance. Mais les Kabilistes y ont cru jusqu’au bout en affichant parfois un optimisme débordant.
Au terme d’un duel fratricide, le camps de l’ancien président l’a emporté haut la main en battant dans la course au perchoir, le dissident, Modeste Bahati. Mais que faut – il savoir du nouveau patron de la chambre haute du Parlement ?
Dauphin constitutionnel du président
Après Félix Tshisekedi, la deuxième personnalité du pays s’appelle désormais Alexis Thambwe Mwamba. Selon la constitution de la RDC, ce dernier assume l’intérim du président en cas de vacances au sommet du pays. À 76 ans d’âge, ATM devient le dauphin constitutionnel du président congolais.
RCD, le passage à la rébellion qui a fait tâche d’huiles
Ancien Mobutiste, Alexis Thambwe Mwamba quitte le pays en 1997 au lendemain de l’entrée à Kinshasa de la rébellion AFDL, dirigée par Mzee Laurent Désiré Kabila, père biologique de Joseph Kabila. Depuis Bruxelles, il intègre le mouvement rebelle pro rwandais RCD. Nommé aux relations extérieures du groupe, il revendiquera le missile tiré sur un avion civil de la compagnie CAL. Un dossier qui lui a valu une information judiciaire à Bruxelles pour crime contre l’humanité.
Éternel ministre de Kabila
Il détient le record de la longévité dans les différents gouvernements de Joseph Kabila. Quand il quitte le RCD – Goma pour intégrer le MLC de Jean Pierre Bemba, un autre mouvement rebelle de l’époque, Alexis Thambwe Mwamba est désigné en 2003, ministre du plan sous le quota du MLC.
Il démissionne du parti Bembiste en 2006 et quitte le gouvernement. Élu député national indépendant du Maniema lors des élections législatives de 2006, il devient ministre des Affaires étrangères du
gouvernement Muzito lors du remaniement ministériel du 27 octobre 2008. Battu aux législatives de 2011 à Kindu, il es encore nommé le 7 décembre 2014, ministre de la justice, garde des sceaux et droits humains, poste qu’il gardera jusqu’en avril 2019 quand il fait le choix de siéger au sénat, après son élection le 15 mars à Kindu.
Un fidèle parmi les fidèles
Aucun indépendant n’est revenu autant de fois aux gouvernements comme Alexis Thambwe Mwamba. Avec le temps, les liens se sont consolidés entre lui et Joseph Kabila. Respecté et consulté, il a été aux premières loges dans toutes les négociations entre l’ancien président et ses opposants. Sa désignation au perchoir est perçue comme la récompense du maître à un disciple fidèle.
Mauvaise presse
Discret, parfois arrogant et moins social, ATM n’a pas bonne presse dans l’opinion. Au cours d’un séminaire, il a qualifié les magistrats de « corrompus ». Dans un passé récent, il s’en est également pris aux journalistes qu’il a qualifiés de « minables ».
Ceux qui ont côtoyé l’homme disent qu’il n’a du respect que pour sa personne et pour Kabila.
Les détracteurs de ce bourge, natif de Kindu l’accusent d’être trop hautain. Les opposants à Kabila gardent de lui, le souvenir d’un mauvais ministre de la justice. Il aurait travaillé sur les dossiers judiciaires qui ont poussé Katumbi en exil et défendu l’arrestation d’autres opposants comme Franck Diongo, Moïse Monidella, Jean Claude Muyambo et Diomi Ndongala dont il a mis du temps à signer la libération conditionnelle.