Par CAS-INFO
Plus de 400 millions d’euros de redressement fiscal pour Pierre Castel, le baron du vin.
Le Français le plus célèbre de Suisse est accusé d’avoir omis pendant des années de déclarer une partie de sa fortune. Son groupe est à la tête de plusieurs marquise comme Baron de Lestac, Kriter ou Listel, ainsi que du réseau de cavistes Nicolas.
Redressement fiscal énorme pour Pierre Castel, le baron du vin. Les autorités fiscales genevoises réclament 410 millions de francs suisses (424 millions d’euros) au cofondateur du géant français des vins et boissons Groupe Castel, un des plus riches Français de Suisse, condamné pour avoir omis pendant des années de déclarer une partie de sa fortune. Le nonagénaire, à la tête de ce groupe propriétaire de plusieurs marques de vin à succès telles que Baron de Lestac, Kriter ou Listel, ainsi que du réseau de cavistes Nicolas, avait quitté la France suite à l’élection du président socialiste François Mitterrand, en 1981.
Il s’était enregistré en Suisse sous le nom de Jesus Castel, utilisant son deuxième prénom, « ce qui lui aurait permis d’échapper à l’attention du fisc trente ans durant », a révélé la semaine passée le site suisse d’investigation judiciaire Gotham City, en précisant que Pierre Castel avait omis de déclarer était à la tête du Groupe Castel et qu’il touchait « d’importants dividendes via une fondation au Liechtenstein ».
Dans une décision datant du 5 juillet, consultée par l’AFP mercredi, les juges de la Chambre administrative de la Cour de justice de Genève, une juridiction d’appel, expliquent que les fonctionnaires des impôts ont fait le rapprochement lorsqu’ils ont constaté que les déclarations fiscales de Monsieur Castel « différaient notablement des éléments de revenus et de fortune qui lui étaient attribués par la presse ».
Il est classé au onzième rang des personnes les plus riches de Suisse par le magazine suisse Bilan.
L’hebdomadaire français Challenges le classe pour sa part au dixième rang des plus grandes fortunes françaises avec un patrimoine estimé à 13,5 milliards d’euros. La multinationale vend 500 millions de bouteilles par an à travers le monde, soit 16 par seconde, selon le site internet de Castel Frères.
Procédure de rappel d’impôts avait été ouverte en 2017
Les données dans le jugement ont été anonymisées, mais évoquent un « français d’origine espagnole », « né en 1926 » et « issu d’une famille modeste », qui avait « commencé à travailler comme ouvrier agricole avec son père », mais avait « par la suite créé, avec ses frères et sœurs, un groupe industriel mondial spécialisé dans les boissons » devenu « l’un des plus importants en Europe pour le vin et en Afrique pour la bière et les boissons gazeuses ».
Une procédure de rappel d’impôts avait été ouverte en 2017 concernant des éléments de revenus et de fortune entre 2007 et 2011, les sommes pour les années précédentes tombant sous le coup de la prescription.
Dans sa décision, la justice genevoise s’est longuement penchée sur la structure complexe de la fortune de ce patron qui cultive la discrétion, ses affaires se partageant notamment entre une holding à Gibraltar, une fondation au Liechtenstein et un trust à Singapour.
Dans son recours contre une décision en première instance, Pierre Castel, représenté par un avocat fiscaliste d’un cabinet de droit des affaires, a affirmé qu’il n’avait pas cherché à mettre en place une structure « insolite », mais à assurer « l’indépendance » et « la pérennité » du groupe, et aussi à « éviter tout conflit familial ».
Tout en reconnaissant qu’il avait « omis de déclarer certains éléments de revenus », sa défense a argumenté que certains « documents utiles » étaient difficiles à retrouver, Monsieur Castel étant un adepte du « management à l’ancienne », fait de « discussion orale » et de « poignées de mains ».
« Les explications du recourant quant à l’absence de documents écrits, au profit de discussions orales basées sur la confiance, ne convainquent pas, au vu des montants très importants en jeu », a cependant considéré la justice genevoise.
Contactée par l’AFP, l’administration fiscale n’a pas souhaité faire de commentaire.
Pierre Castel disposait d’un délai de trente jours pour contester la décision de la cour genevoise devant le tribunal fédéral.
Contacté, le Groupe Castel n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. Son avocat n’a pas non plus pu être joint.