« Aujourd’hui, Kabila se trouve dans la phase finissante de Mobutu », analyse le politologue Jean Omasombo

La République Démocratique du Congo célèbre ce mardi 16 mai 2017 les 20 ans de la chute du maréchal Mobutu, après 32 ans de règne sans partage. Contrairement aux années précédentes, cet anniversaire tombe dans un contexte particulier. Le pays est plongé dans une grave crise politique née de l’absence des élections et du maintien du chef de l’État actuel au pouvoir à l’issue de son dernier mandat. La plupart d’observateurs soulignent des similitudes entre le Congo d’aujourd’hui et le Zaïre d’hier. Entre Joseph Désiré Mobutu et Joseph Kabila.

C’est le cas du professeur Jean Omasombo. Dans une interview accordée à La Libre Belgique, ce chercheur et professeur à l’Université de Kinshasa estime que la situation d’aujourd’hui ressemble, comme deux gouttes d’eau, aux années troubles de Mobutu.

« La promesse que répète Kabila de respecter la Constitution rappelle celle de Mobutu qu’il ne s’accrocherait pas au pouvoir. Il y demeura 32 ans », rappelle le politologue. Pourtant l’accord de la Saint Sylvestre conclu le 31 décembre 2016 était censé éviter ce bond de 20 ans en arrière. Là encore :

« Comme Kabila aujourd’hui, Mobutu, en avril 1990, est sorti de la légitimité; ils demeurent chef dans un « entre-pouvoir ».  Le cadre de l’Accord de la Saint-Sylvestre qui espérait contrôler la période après la fin du mandat de Kabila tend à ressembler à la Conférence nationale souveraine qui ouvrit la voie à la longue transition incontrôlée », compare-t-il.

Ainsi, pour le professeur Omasombo, Joseph Kabila est, selon lui, obligé de jouer « simultanément sur le temps long » et « par moment sur le temps court », pratiquant la stratégie du silence, utilisant tous les moyens possibles, qu’ils soient politiques ou « abusivement répressifs », pour demeurer au pouvoir, profitant avec succès des failles et des difficultés de ses adversaires.

Mais pour le chercheur, Joseph Kabila est dans la phase finissante de Mobutu, croit-il, en tout cas. En ce 20e anniversaire de la chute du léopard, chacun écrit son scenario d’un futur incertain.