Par CAS-INFO

Chaque seconde, minute et heure apportent un nouvel élément dans l’analyse sur l’assassinat odieux de député national et ancien ministre des Transports, Chérubin Okende, retrouvé mort dans son véhicule abandonné à Kingabwa sur l’avenue Poids Lourds.

Seulement, la thèse vivement soutenue par Ensemble pour la République, le parti politique dont il était porte-parole, selon laquelle, il a été enlevé devant ou dans l’enceinte de la Cour constitutionnelle où il avait rendez-vous avec le juge Sylvain Lumu, est en train d’être battue en brèche et devient de moins en moins plausible.

Déjà, il a été démontré que le rendez-vous avec le juge Lumu était pour jeudi et non mercredi, le jour du drame, et que correspondance faisant foi, le défunt avait sollicité pour que ce rendez-vous ait lieu ce vendredi 14 juillet 2023 (lire l’article de Scooprdc.net : Assassinat de Chérubin Okende : Le juge Sylvain Lumu avait rendez-vous avec lui ce jeudi 13 et non mercredi 12 juillet (Source judiciaire)).

Un autre élément qui éloigne la piste d’enquête, c’est la configuration, mieux le dispositif sécuritaire autour de la Cour constitutionnelle. Si l’on s’en tient au récit d’Ensemble pour la République selon lequel Chérubin Okende a été enlevé par des personnes en tenues civile et militaire qui l’ont brutalisé dans l’enceinte de la Cour constitutionnelle, ça veut dire qu’il était dans le parking bondé d’autres véhicules, certainement avec leurs chauffeurs dedans ou dehors. Pareil enlèvement devait attirer l’attention des témoins qui auraient, non seulement alerté vite les policiers, plus d’une dizaine qui protègent cette haute cour, mais aussi de prendre des images avec leurs téléphones smartphones. Rien dans ce sens.

Toujours en rapport avec le dispositif sécuritaire, d’autres immeubles autour de la Cour, ont également des policiers armés qui les sécurisent. Donc, si enlèvement il y avait, ces agents de sécurité allaient vite réagir.

Même si l’on reste dans l’hypothèse selon laquelle cet enlèvement a eu lieu dans l’enceinte ou devant la Cour, tout porte à croire que les ravisseurs dans cette fourchette de 16h00 à 18h00, devaient avoir peu de chance de s’en sortir à cause des embouteillages. Non sans raison, car en face d’eux, ils n’avaient que trois issues. Primo, pendre le boulevard du 30 juin. Or, pendant ces heures-là, il est saturé. Secundo, ils pouvaient prendre l’avenue de la Gombe. Là aussi, ils allaient être bloqués dans l’embouteillage. Tertio, même s’ils empruntaient l’avenue Lubefu pour déboucher sur l’avenue Batetela, ils devaient avoir les mêmes difficultés. Et l’on ne voit pas Chérubin Okende, tout muteta qu’il était, se laisser faire comme un agneau, sans crier, sans se bagarrer pour attirer l’attention des passants.

Un tweet de la journaliste Sonia Roley qui cloue Ensemble pour la République

Publiant sur son Twitter la lettre de Chérubin Okende, à travers laquelle il sollicitait le report de son rendez-vous pour vendredi au lieu de jeudi, la journaliste de RFI écrit « #RDC #Elections : @Ensemble_MK avait dénoncé le “lâche enlèvement” de @OkendeC hier à 15h sur le “parking de la cour constitutionnelle”. Selon une source à la cour, un courrier signé par l’ex-ministre a bien été réceptionné à 16h02. “Aucun incident n’a été enregistré à la cour” ».

Questions : comment se fait-il que l’alerte soit faite à 15h00’ et que le courrier de Chérubin Okende soit déposé à 16h02’, soit une heure après ? Par quel mécanisme une personne déjà enlevée pouvait-elle encore aller déposer sa lettre à la Cour ?

Une analyse simple démontre que Chérubin Okende a été piégé. Il se serait rendu à un rendez-vous autre que celui de la Cour constitutionnelle où il est tombé dans les mains de ses ravisseurs-bourreaux qui l’ont finalement achevé. Ensemble son parti qui a mal communiqué, doit en savoir quelque chose. Ce n’est pas une accusation, mais plutôt une piste à ne pas négliger, à explorer.

Appel à une froide et professionnelle enquête

Sur son Twitter, le député national mais aussi professeur d’université et spécialiste en droit, Sam Bokolombe, écrit : « Chérubin Okende est mort assassiné. C’est la seule certitude factuelle qu’il sied de tenir. Tout le reste est sujet à froide et professionnelle enquête. En effet, à tous les égards, un crime c’est toujours un puzzle à démêler, un mystère à dévoiler, des théories à construire et à déconstruire. La superficialité, les raccourcis, les conclusions hâtives, les conjectures et la paresse intellectuelle sont un handicap pour la recherche de la vérité. Il est nécessaire de questionner les faits, rien que les faits, au-delà des conjectures, des préjugés et surtout de l’émotion qui, en l’espèce, est grande, vive et réelle ».

Pour sa part, le député national Claudel-André Lubaya préconise qu’au-delà de l’émotion, il faut éteindre les tensions.

« A qui profite ce crime odieux ? Quelles sont les motivations des bourreaux ? C’est aux enquêteurs et aux enquêteurs seuls qu’incombe la charge de la réponse à toutes ces questions car un homme a péri dans des circonstances qui restent à élucider. Au-delà de l’émotion suscitée par cette tragédie, la Nation doit se rassembler et se lever pour faire barrage aux discours incendiaires et anti républicains qui sapent les fondements de notre cohésion sociale au nom de l’instinct de conservation ou de conquête du pouvoir. Dans ces heures de péril, où l’insécurité se répand dans les quartiers et atteint les milieux les plus protégés, j’en appelle à la responsabilité » écrit Claudel-André Lubaya sur sa page Facebook.

Et d’enchérir : « Nous ne pouvons pas nous résoudre à abandonner le pays, par notre indifférence et nos ambitions personnelles, à la merci des hordes qui prennent le prétexte de la pré campagne, pour jeter le chaos. La gravité de la situation doit inspirer, à tous les responsables à tous les niveaux, une attitude de dignité, et de la mesure à ceux qui portent la lourde tâche d’exercer les fonctions de l’État. Au-delà des luttes politiques et des divergences d’approche, le sens de l’unité nationale et de la mesure doit guider notre comportement ».

Lubaya finit par interpeller le président de la République : « Dans cette pagaille sur fond d’intolérance politique qui s’empare du pays et où personne n’est à l’abri, je fais appel au Président de la République, le seul d’entre nous à qui incombe de par son serment constitutionnel la responsabilité de garantir la cohésion nationale (article 74 de la Constitution), pour qu’il saisisse la portée de sa charge en ces temps troublés et prenne ses responsabilités pour desserrer l’étau du désaccord, éteindre les tensions, rassembler la Nation, dissiper les malentendus et apaiser les doutes. Le contraire serait, sauf meilleur avis de sa part, non-assistance à Nation en danger ».