L’Église du Christ au Congo (ECC) a un nouveau représentant régal. Il s’agit d’André Bokundua-Bo-likabe, élu ce samedi à l’issue d’une assemblée générale. Il remplace l’inamovible Marini Bodho. Après 19 ans passés à la tête d’une des confessions religieuses les plus influentes du pays et plusieurs mois de bras de fer, Mgr Marini Bodho passe enfin la main.
Indéboulonnable. C’est ainsi qu’il serait convenu de le décrire, si cette élection n’avait pas fini par avoir lieu. À 69 ans et donc, atteint par la limite d’âge, Mgr Marini Bodho était accusé de retarder indéfiniment la convocation du Synode électif, une sorte d’assemblée générale à travers laquelle les délégués venus de tous les coins du pays procèdent au renouvèlement de la direction de l’église. C’est chose finalement faite samedi à la cathédrale du centenaire de Kinshasa où s’est déroulée cette grande réunion élective.
La fin d’une ère très politique
Le départ de Pierre Marini Bodho de la tête de l’ECC c’est toute une page d’histoire qui se tourne pour cette confession religieuse. Plus qu’une église, Marini Bodho – coopté sénateur depuis 2003 où il s’est retrouvé propulsé à la tête de la chambre haute du Parlement avant d’être remplacé en 2007 par Kongo Wa Dondo – a fait de la communauté protestante du Congo une véritable machine d’influence de l’opinion. Présent aux différents rendez-vous de recherche de la paix et de résolution des crises – Sun City, Concertations nationales du Palais du peuple, Cité de l’Union africaine – la position de l’ECC sous Marini Bodho ne sera jamais restée éloignée de celle de la Majorité présidentielle. Là où l’église catholique exerce la pression sur les autorités, à l’image des sorties fracassantes du Cardinal Monsengwo contre le chef de l’État, Marini Bodho ne manque pas, lui, d’apporter un son de cloche dissonant. Présentant l’image d’une église partagée ente le Pouvoir et l’opposition.
Proche de Jaynet Kabila, la sœur jumelle du chef de l’État, la liaison entre ce très politique chef d’église avec la présidence de la république n’était plus un secret pour de nombreux Congolais. Même si, l’ampleur de la crise politique que traverse le pays avait poussé l’ECC à hausser un plus le ton en mai dernier en appelant la classe politique à se mettre d’accord en vue d’organiser les élections apaisées dans les meilleurs délais.