Beaucoup veulent la voir jouer le rôle du shérif de la région des Grands Lacs. L’Angola ne voit pas tout à fait les choses de la même manière. En tout cas si l’on en croit son chef d’État-major de l’armée. Au cours de la réunion préparatoire de la rencontre des ministres de la défense de la région prévue ce mercredi à Loanda, le Général Nunda a fait part à ses pairs de cette doctrine.
« Le Gouvernement angolais continue de plaider en faveur de la résolution des conflits internes par le dialogue, la conciliation, la médiation et la négociation, et jamais la confrontation violente », a expliqué le chef des armées.
Pour le pays d’Edouardo Dos Santos, c’est un message qui valait la peine d’être envoyé au moment où une certaine fébrilité gagne la région, y compris, l’Angola elle-même.
Vu de Kinshasa, du moins, des détracteurs du régime de Joseph Kabila, l’Angola serait le sauveur ultime qui viendrait les débarrasser d’un président dont certains ont marre de voir la tête. Au point d’imaginer un scénario au cours duquel un pays tiers s’évertuerait de violer le principe sacrosaint de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain. Voire, d’intervenir militairement ? C’est, soit, méconnaître le fonctionnement des Relations internationales, soit, faire délibérément abstraction des conséquences désastreuses d’une telle perspective.
Il est vrai que la situation en RDC ne laisse pas indifférent le géant voisin. Alors que s’ouvre la réunion des ministres de la défense de la CIRGL, Loanda a de nouveau fait le compte des réfugiés en provenance du Kasaï, qui n’en finissent plus de gonfler les rangs dans la province de Lunda Norte : « environs 29 000 refugiés désormais, en raison de l’instabilité politique en RDC et de la milice Kamwina Nsapu », a déploré le chef d’État-major de l’armée angolaise qui, a, toutefois, assuré que le pays était stable malgré cet afflux des réfugiés.
À 3 mois des élections générales et de la très attendue succession du tout puissant Edouardo Dos Santos, un moment à la fois historique et d’inquiétudes, les multiples messages de l’Angola envoyés ces derniers jours en direction de Kinshasa sont davantage à interpréter comme une manière pour Loanda de s’assurer de bien traverser dans la sérénité cette périlleuse transition.
À moins qu’un débordement incontrôlable de l’autre côté de la frontière fasse basculer la situation.