Par CAS –INFO

Au plus fort de la polémique sur la légalité ou non des actes pris par Marie Tumba Nzenza, limogeant carrément deux diplomates congolais, l’un accrédité à l’ONU et l’autre à l’Office des Nations unies et des institutions spécialisées à Genève (Suisse), une révélation troublante vient mettre en mal la position de la nouvelle cheffe de la diplomatie RD Congolaise.

Les deux ambassadeurs, le New-Yorkais Ignace Agata et son collègue Genevois, Zénon Mukongo ont été définitivement rappelés à Kinshasa pour avoir voté en faveur de la Chine concernant l’affaire du Xinjiang, cette province autonome où Pékin est accusé d’exercer une répression contre la minorité ouïghoure.

Selon la ministre Tumba Nzenza, les deux délégués ont voté sans avoir demandé l’avis de Kinshasa. Faux, répond Christian Ileka Atoki. Secrétaire général aux affaires étrangères, cet ancien ambassadeur congolais à Paris s’est vu coller par la ministre, une demande d’explications sur les instructions qu’il a données à ces diplomates de voter en faveur de la Chine.

Dans ses explications, M. Ileka affirme que les ambassadeurs Ignace Agata Mavita et Zénon Mukongo, avaient bel et bien exécuté un ordre qui leur avait été donné par le ministre intérimaire aux affaires étrangères de l’époque et son collègue des droits humains.

Selon lui, la RDC a voté en faveur de la Chine étant donné que le pays du soleil levant est devenu le plus grand investisseur qui intervient dans plusieurs secteurs au Congo Kinshasa.

Aussi ce pays, ajoute l’ ambassadeur Ileka, est parmi les membres permanents au conseil de sécurité qui soutiennent la RDC dans ses efforts de pacification de l’Est du pays. C’est en se fondant sur ce principe de réciprocité, précise Christian Ileka que la RDC a demandé à ses représentants de voter en faveur de la Chine.

Violation flagrante de la constitution

Cette affaire a été un nouveau caillou dans la chaussure de la coalition FCC-CACH. Au sénat, la présidente de la commission des relations extérieures a adressé une question écrite à la ministre Tumba. Au travers de cette initiative, Francine Muyumba veut avoir des éclairages sur cette décision qui ne relève pas de ses prérogatives.
« Les informations en notre possession renseignent que la décision de Madame la ministre d’Etat n’a pas été délibérée en Conseil de ministres. En conséquence, elle a agi en attendant ses éclaircissements, en violation des articles sus-évoqués en usurpant les compétences qui ne lui sont pas reconnues », a accusé Francine Muyumba.

Les articles évoqués c’est notamment l’article 81 de la Constitution qui dispose que le Président de la République a le pouvoir de nommer, relever ou révoquer, sur proposition du Gouvernement, les ambassadeurs et les envoyés spéciaux.

Selon l’élue de Lubumbashi, la décision de rappel définitif des ambassadeurs prise par la ministre Tumba Nzeza peut avoir « de lourdes conséquences, si elle n’est pas rapportée par la ministre ou annulée par le Président de la République. »