Cenco, MP, Rassemblement

Ce qui se disait tout bas est maintenant officiel. La Majorité présidentielle a paraphé l’accord du 31 décembre « sous réserve », a confirmé lundi le porte-parole du gouvernent Lambert Mende. Relayé quelques heures plus tard par le secrétaire général adjoint de la Majorité Présidentielle Joseph Kokonyangi. En cause, l’absence de signature du Front pour le respect de la Constitution. Mais aussi de quelques participants au dialogue de la Cité de l’Union Africaine.

« Il faut faire en sorte que cette condition d’inclusivité ne puisse pas gêner l’accord », s’est justifié M. Mende.Ce revirement a surpris le secrétaire général adjoint de la Cenco Donatien Nshole qui ne veut pas croire que la MP sera absente de la réunion de mardi prévue en vue d’un « arrangement particulier ». Mais que peut justifier, vraiment, ce nouveau positionnement de la MP ? La rédaction de CAS-info s’est procuré la copie de l’accord du centre interdiocésain et souligne deux points qui semblent ainsi semer la panique à bord du bateau MP (Ci-dessous les extraits du document).

Pas de 3e mandat pour le chef de l’État

Après s’être engagé à n’entreprendre ni soutenir aucune initiative de révision ni de changement de la Constitution (Chapitre II, point 1), les délégués ont convenu ce qui suit, au sujet du 3e mandat du chef de l’État, facteur clef de la crise :

« Les parties prenantes actent sa déclaration solennelle faite devant le Parlement réuni en Congrès en date du 15 / 11 / 2016 en ces termes : « ‘’À tous ceux qui semblent se préoccuper à longueurs des journées de mon avenir politique, je tiens à dire, tout en les remerciant, que la RDC est une démocratie constitutionnelle. Toutes les questions pertinentes relatives au sort des institutions et de leurs animateurs sont réglées de manière satisfaisante par la Constitution’’ ». Et les composantes d’ajouter :

« Ainsi ayant fini ses deux mandats, il ne peut donc en briguer un troisième »

Pour les tenants du maintien de Joseph Kabila ad vitae æternam aux commandes, Dieu seul sait combien ils sont, ce chapitre II a de quoi être suicidaire. En interdisant clairement le tripatouillage de la Constitution, on voit mal comment le projet de concourir pour un nouveau bail au Palais de la Nation peut avoir un début de commencement pour le Raïs. Si ce n’est, en violant cet accord discuté âprement et signé non pas par n’importe qui. Mais des poids lourds du régime : Me Nkulu Kilombo, Adolph Lumanu, Alexis Thambwe Mwamba ou encore, Lambe Mende, lui-même.

Le Rassemblement veillera à l’organisation des élections

Au chapitre IV qui fixe les élections en décembre 2017, la Ceni, accusée souvent de faire le jeu du pouvoir, se trouve pris en «sandwich». En effet, au point 4 de ce chapitre, la Centrale électorale n’a plus à se référer uniquement à l’assemblée nationale, une institution contrôlée de la tête au pied par la Majorité présidentielle. « Elle tiendra [également] dûment informé le Conseil National de suivi de l’Accord [ qui sera dirigé par Étienne Tshisekedi] ainsi que les autres parties prenantes au processus électoral du chronogramme qui prendra en compte (notamment) la convocation des scrutins », peut-on lire dans l’accord.

Et pour tout couronner, le point numéro 4 du chapitre IV remet toute la solution du financement des élections entre les mains du gouvernement. Dirigée en ce moment-là par le Rassemblement, la prochaine équipe de transition sera ainsi chargée de « mobiliser les ressources internes et externes et respecter scrupuleusement le plan de décaissement convenu avec la Ceni ».

Voilà qui risque de vider le prétexte de manque d’argent auquel s’est toujours accroché le gouvernement et la Ceni. Il faut dire que, contrairement à la Majorité actuelle qui a tendance à rejeter tout appui des bailleurs de fonds externes susceptibles de faire avancer très vite le processus, on voit mal le Rassemblement bouder son plaisir d’aller chercher de l’argent ailleurs. Pourvu que l’engagement d’appeler les Congolais aux urnes à la fin de l’année soit tenu.

Conséquence. Si au sein de la Majorité présidentielle personne ne veut de ces deux scenarii «catastrophes» aux yeux de certains, on comprend alors le pourquoi de ce revirement spectaculaire à 390 %.