Joseph Kabila participe ce lundi 3 juillet à Addis Abeba au 29e sommet de l’Union africaine. Une réunion des chefs d’États placée cette année sous le thème de l’investissement dans la jeunesse. Mais les dirigeants africains plancheront également sur les questions de sécurité, les crises sur le continent, la réforme des institutions de l’organisation et les rapports avec les partenaires occidentaux, dont l’Afrique, qui se cherche son autonomie financière, voudrait bien s’émanciper.
Ce dernier point intéresse particulièrement la RDC, ainsi que l’a indiqué le ministre des affaires étrangères Léonard She Okitundu sur Rfi avant de s’envoler pour la capitale éthiopienne. Le chef de la diplomatie congolaise a évoqué notamment la nécessité de reformer le conseil de sécurité de l’ONU et les institutions de Bretton Woods.
En réalité, Kinshasa dont les relations sont très tendues avec les occidentaux, en particulier, l’Union européenne et les États-Unis – qui ont imposé des sanctions contre plusieurs proches du chef de l’État Joseph Kabila, accusés d’« abus » sur les droits de l’homme et d’ « entrave » au processus démocratique – va tenter d’arracher le soutien des pays africains contre ces sanctions qualifiées de « politiques » et d’ « injustes » par les autorités congolaises.
Sur qui compter ?
Après avoir brillé par de nombreuses absences aux derniers sommets de l’UA abandonnés au ministre des affaires étrangères d’alors Raymond Tshibanda, Joseph Kabila signe donc son grand retour parmi ses pairs. Et à Addis Abeba, le président congolais peut compter sur de nombreux amis. Dans la région d’abord, le président Rwandais est un proche de longue date. Actuellement en charge de la réforme de l’UA, la situation du grand voisin n’est pas pour autant moins préoccupante pour Paul Kagame. Une instabilité de la RDC dont il est régulièrement accusé de jouer un rôle affectera incontestablement le Rwanda.
Hostile à l’interventionnisme occidental sur le continent, le Rwanda avait déjà critiqué en 2016 l’immixtion occidentale dans la crise congolaise. « Il faut arrêter avec les injonctions, on doit laisser les Congolais résoudre leurs problèmes entre Congolais », avait interpellé la ministre des affaires étrangères Louise Mushikiwabo en marge du 27e sommet de l’UA en juillet à Kigali.
Au Congo voisin, après s’être tiré d’une crise similaire à celle que connait Kinshasa en ce moment par la voie du referendum constitutionnel, difficile d’imaginer Sassou Nguesso manquer à l’appel. Tout comme l’Angola. Malgré les frustrations dues au conflit au Kasaï, qui lui a versé des milliers des réfugiés à l’intérieur de ses frontières, Loanda a publiquement pris ses distances avec les sanctions de l’UE qualifiées de « hâtives » par le ministre des affaires Georges Chikoti.
Le Tchadien Idris Deby, le Gabonais Ali Bongo, l’Ougandais Yoweri Museveni ou encore Teodoro Obiang Nguema, qui ont tous reçu ces dernières semaines une correspondance de leur homologue congolais devraient sans beaucoup de peine apporter leur appui à la RDC. En revanche, même s’il agira par procuration, le grand « ami » sud africain est absent, retenu à Pretoria par ses propres déboires avec son parti l’ANC.
Aparté entre VPM Min AE #Angola Chikoti & Min AE #Zambia sur une trilatérale entre les 3 pays sur sujets communs. #Congo pic.twitter.com/xFODG1PWrp
— RDCongoDiplomatie🌍 (@DiplomatieRdc) 1 juillet 2017
Arrivé à Addis Abeba après avoir épuisé ses mandats, Joseph Kabila devra tout de même se méfier de quelques ilots démocratiques que comptent encore le continent : Maurice et le cap vert qui n’hésitent pas dans ce genre situation de prendre le contre pied des éléphants.