Tshibala, Premier ministre

Son nom circulait depuis plusieurs jours dans la presse. La confirmation a été faite ce vendredi soir. Bruno Tshibala a été nommé au poste de Premier ministre pour conduire la transition en République Démocratique du Congo. Il figurait sur une liste des 3 candidats proposés au chef de l’Etat, explique l’ordonnace présidentielle lue à la télévision nationale.

Entre Valentin Mubake, un autre fidèle d’Étienne Tshisekedi qui vient d’infléchir ses positions face au pouvoir, mais qui reste un intransigeant légendaire et Bruno Tshibala dont la proximité avec certains caciques du pouvoir était de plus en plus visible, Joseph Kabila n’a pas voulu prendre de risque. Il a opté pour le moins problématique. « Celui qu’il peut contrôler facilement », analyse un observateur de la vie politique en RDC.

Félix Tshisekedi écarté

Ingénieur de formation et très proche de l’opposant historique Étienne Tshisekedi décédé le 1er Février dernier, Bruno Tshibala fait parler de lui le 9 octobre 2016 lorsqu’il est arrêté à l’aéroport international de Ndili alors qu’il s’apprête à prendre un vol pour Bruxelles. En pleine tourmente au sein du Rassemblement début mars, il apparait aux cotés de Joseph Olengha Nkoy et déclenche la dissidence. Accusé de faire le jeu du pouvoir, il réplique ne pas vouloir cautionner la restructuration du Rassemblement au profit des nouveaux venus dans l’opposition [Ndlr, de l’ex gouverneur Moïse Katumbi, Pierre Lumbi et les autres]

À 61 ans, Bruno Tshibala a la lourde mission d’amener le pays aux élections à la fin de l’année, de faire face au défi économique avec des marges de manoeuvres très limitées. Sans oublier la situation sécuritaire compliquée dans la région du Kasaï. Mais cette mission s’annonce difficile. Car, si Tshibala vient des rangs de l’Udps dont il a été exclu en raison de la fronde, il n’est pas sûr que sa nomination apaise le climat politique.

D’après l’accord du 31 décembre 2016, il revenait au Rassemblement de proposer le Premier ministre et donc Félix Tshisekedi déjà choisi par la coalition de l’opposition. Mais le chef de l’Etat semble avoir choisi d’ignorer cette logique au profit de la dissidence du Rassemblement.

Une stratégie de diviser pour mieux régner qui ne va pas du tout permettre de sortir de la crise. Celle-ci risque même de s’aggraver. Alors que l’Udps et le Rassemblement appellent à manifester le lundi 10 avril jusque devant le palais présidentiel.