C’est une étape importante pour la Cour pénale internationale. Les juges pourraient attribuer vendredi les premières sommes affectées au dédommagement de victimes de crimes de guerre, estimées à plus de 16,4 millions de dollars par les avocats des victimes d’une attaque sur Bogoro, un village congolais dans la région aurifère de l’Ituri (Nord-est de la RDC) en 2003.
Selon le directeur du Fonds pour les victimes, Pieter de Baan (Agence France presse), les réparations concernent 304 victimes de l’ancien chef de milice congolais Germain Katanga. A 38 ans, ce dernier avait été condamné en 2014 à douze années de détention, après avoir été reconnu coupable de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Selon la Cour, Germain Katanga avait facilité et coordonné l’approvisionnement en armes des membres de sa milice qui avait attaqué le 24 février 2003 le village de Bogoro, tuant 200 personnes environ, par balle ou à la machette.
Dans le document présenté par Fidel Nsita Luvengika, représentant légal des victimes, les dommages enregistrés concernent 228 maisons qui ont été détruites et évaluées à 600 dollars américains chacune, une nouvelle école évaluée à 22.400 dollars, 79 personnes ont perdu chacune entre 10 et 15 vaches, coût estimé entre 316.000 et 474.000 dollars.
Germain Katanga, actuellement en procès à Kinshasa pour « crime de guerre, crime contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel », est responsable du paiement de toute réparation éventuelle. Mais s’il ne peut pas payer, l’organisme pourrait puiser dans ses propres fonds et contribuer grâce aux donations d’Etats parties au Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour. Mais cette réserve ne s’élève qu’à cinq millions de dollars, dont un million a déjà été mis de côté pour l’affaire Lubanga, un autre Congolais condamné en 2012 à 14 ans de détention pour l’enrôlement d’enfants soldats.