Désormais deux groupes rivaux du Rassemblement se font face. Le premier a porté le jeudi 2 Mars à la direction politique de la coalition et au conseil des sages le tandem Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi. Le second a répliqué vendredi en jetant son dévolu sur Joseph Olenghankoy. Désigné par « consensus » selon le communiqué lu par Bruno Tshibala, secrétaire général adjoint de l’Udps, lui même aussitôt exclu du parti pour« haute trahison ».
Une coalition, deux directions, et une bataille future entre Olenghankoy et Pierre Lumbi pour le contrôle du poste stratégique du Conseil national de Suivi de l’accord, le CNSA.
« La restructuration du Rassemblement telle qu’opérée est illégale, irrégulière, frisant un coup d’État », a accusé l’aile Olenghankoy de la plateforme de l’opposition. Tandis que Christophe Lutundula, pour l’autre camp qui se considère comme légitime, a plaidé une majorité « confortable – qui n’était pas des individus – mais des composantes qui ont appuyé la candidature de Pierre Lumbi et de Félix Tshisekedi ».
La Cenco choisit son camp ?
Preuve que Le bras de fer est engagé, au moment où il annonce l’acte de la fronde, vendredi, Bruno Tshibala a prévenu que même les évêques (membres de la Cenco) « devaient tenir compte de la réalité », a-t-il déclaré en brandissant « la majorité qui a décidé autrement ».
Mais, en remettant, en main propre, la lettre laissée par Étienne Tshisekedi à son fils, Félix, quelques heures seulement après la fronde du clan Olenghankoy, la Cenco semble, plutôt, avoir pris acte de la double élection Tshisekedi-Lumbi.
Pour les princes de l’église, le plus dur est à venir. Comment vont-il se débrouiller dans les prochains jours pour accueillir ces brusques frères ennemis qui s’embrassaient il y a encore quelques jours autour d’un projet commun d’alternance. Mais qui, subitement, semblent prêts à laisser s’écrouler la maison Rassemblement qu’ils construisent depuis plusieurs mois et dans laquelle des nombreux Congolais ont cru.
Joseph Kabila, grand gagnant
Les querelles des postes au sein du Rassemblement font incontestablement les affaires du chef de l’État. Alors que les discussions sur l’arrangement particulier étaient déjà compliquées, les divisions au sein de la coalition de l’opposition risquent de repousser davantage la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016.
Conclu après d’âpres discussions, l’accord dit de la Saint Sylvestre est censé permettre au pays d’organiser les élections en décembre 2017. Une perspective qui s’éloigne chaque un peu plus et qui va certainement l’être davantage dans ce contexte de quasi « guerre civile » au sein du Rassemblement.
D’après l’accord de la Cenco, le chef de l’État doit nommer un Premier ministre de la transition présenté par le Rassemblement. Mais Joseph Kabila exige une liste des 3 noms. Une exigence que rejette Pierre Lumbi, président du Conseil des sages A. Il n’est pas sûr que Joseph Olengha Nkoy, président du Conseil des sages B, se défilera devant cette demande présidentielle.