Par Siméon Isako
Invité de l’émission «Okapi service» le 13 mai courant, Denis Kadima a répondu à plusieurs questions du journaliste et des Congolais qui ont participé par téléphone sur le thème « Y aura-t-il réellement les élections en 2023 ? ».
Dans son argumentaire, le président de la Commission électorale nationale indépendante a assuré les Congolais de la tenue des élections en 2023, soulignant que le processus électoral est soumis à la contrainte du délai constitutionnel.
«J’aimerais rassurer les auditeurs qu’il y aura élections en 2023 parce que c’est une contrainte constitutionnelle. On ne peut pas appliquer la Constitution selon sa propre volonté. Donc sur le plan légal nous devons organiser les élections. Et mon équipe et moi nous travaillons sans relâche pour atteindre ce but», a-t-il déclaré.
Depuis son avènement à la tête de l’organe organisateur des élections , Kadima a décidé de construire son travail sur ce qui est fait de positif. Pour amener à bon port les Congolais à se choisir leurs députés, sénateurs ainsi que le Président de la République en 2023, Denis Kadima et son staff n’ont pas la prétention de faire table rase de ce qu’ont fait leurs devanciers.
«Nous allons bâtir sur ce que l’équipe qui nous a précédés a fait de positif», a-t-il indiqué, mais avec une dose d’inclusion et de plus de transparence.
«Nous allons bâtir sur ce que l’équipe qui nous a précédés a fait de positif. Là où ils ont fait un bon travail, parce qu’il y a des cas où ils ont excellé, nous allons consolider cela. Là où il y a eu des reproches qui leur ont été adressés, nous allons travailler dans le sens d’améliorer. Je sais que l’une des grandes critiques qui avait été adressée au processus électoral la fois passée était le manque de transparence par rapport à la question des résultats. Il y avait aussi le problème d’inclusion avec beaucoup de candidats qui avaient été exclus, la sensibilisation n’avait pas été faite de façon optimale. Partout là, nous allons essayer de faire un peu plus par rapport à ce qui a été fait. Nous voulons avoir un processus inclusif et nous travaillons en fonction de cela. Et un processus beaucoup plus transparent, vous le verrez déjà par le fait même que l’observation électorale nationale et internationale est maintenant possible. A l’élection des gouverneurs qui a eu lieu récemment, nous avons donné des accréditations à des groupes aussi bien nationaux qu’internationaux. Ce sera plus pour améliorer ce qui existe, plutôt que faire table rase ou rejeter tout ce qui a été fait avant nous», fait-il savoir.
Répondant aux questions de ceux qui continuent à douter sur le respect du délai constitutionnel, Denis Kadima a apaisé sans ambiguïté.
«Nous sommes en train de faire un travail de fond et en profondeur. C’est impossible que vous puissiez voir cela. Je vous rassure et c’est tout ce que je peux faire pour le moment, nous sommes au travail. Il y a beaucoup de choses à faire, et beaucoup de choses sont en train d’être faites. Il y aura un moment où vous allez voir les choses s’accélérer, c’est un processus normal. On est encore au niveau de la fondation… », indique le numéro 1 de la Centrale électorale.
Et de poursuivre, « Nous ne sommes pas dans la logique du glissement, du report. Nous ne pensons même pas à la possibilité de ne pas avoir les élections en 2023. La date précise sera connue une fois que nous aurons publié notre calendrier électoral. Nous avons publié notre feuille de route, et celle-ci nous donne suffisamment d’éléments pour avoir une idée de la période à laquelle les scrutins auront lieu. J’ai parlé de plusieurs contraintes, tant que je ne contrôle pas le gros de ces contraintes, je ne peux pas m’hasarder à donner une date. Parce qu’une fois que j’aurai lâché une date, je devrais être redevable par rapport à cela. Nous avons publié jusque-là la feuille de route, nous n’avons pas encore publié le calendrier électoral. Je n’ai pas de dates précises mais j’ai des périodes. Dans 4 à 6 mois le processus des électeurs va commencer».
Dans la foulée, le président de la CENI avait rappelé aux auditeurs qu’ « il ne faut pas oublier que nous sommes en fonction à peine depuis 6 mois et que nous avions été mis en place avec 28 mois de retard. Et nous sommes en train de faire une course contre la montre, et il ne faut pas que nous nous précipitions à donner une date, mais plutôt ce que nous devons faire, c’est de travailler sans relâche pour qu’il y ait des élections. En dépit des difficultés que nous avons, nous tenons à avoir des élections en 2023, et ça ce n’est pas négociable. Je ne vais pas dire au monde que ça ne sera pas en 2023 parce que les gens se focalisent sur les difficultés qu’ils voient. Moi je vois les difficultés mais je sais aussi qu’il y a des voies de sortie. Je continue à dire que nous aurons les élections en 2023».
Revenant à ces contraintes dont il avait parlé début février lors de la publication de la feuille de route, Denis Kadima a reprécisé sa pensée pour une meilleure compréhension.
«Les contraintes qu’on peut aussi appeler risques existent dans toute entreprise. Quand vous avez un projet, il faut toujours évaluer les risques et une fois que vous les connaissez, penser à la stratégie de mitigation. En évoquant les contraintes auxquelles nous faisons face, ce n’était pas une façon de dire aux gens qu’à cause d’elles il n’y aura pas élections, c’est une façon erronée de comprendre notre assertion. Ce que nous voulons ce que chacun joue son rôle, la CENI ne travaille pas en autarcie. Nous ne sommes pas seuls, nous dépendons de beaucoup de gens notamment des électeurs, ceux qui participent, des autorités, elles doivent assurer la sécurité, nous donner les financements. Il y a des contraintes d’ordre logistique parce que nous avons un immense pays et toujours avec des moyens limités. Mais évidemment tout cela c’est des choses à relever et puis travailler pour que ces contraintes soient maitrisées. C’est plus pour que les parties prenantes, chacune à son niveau puisse nous accompagner et nous aider à atteindre cet objectif».
Le président de la CENI explique par exemple qu’à l’époque il parlait du problème du programme de mutualisation des opérations d’identification de la population qui devrait être couplé avec l’enrôlement des électeurs, c’est parce que le Gouvernement et la CENI n’avaient pas encore atteint un entendement commun.
«Avec le temps nous avons pu renégocier la chose. Maintenant l’approche qui sera utilisée est telle que la CENI va avancer avec le processus d’inscription de ses électeurs, à la fin de ce processus qui va recueillir les informations non seulement pour les électeurs mais aussi pour la population en général, nous donnerons aux agences concernées un fichier qui sera utilisé dans la construction du fichier général de la population. Au lieu de faire cela de façon intégrée ensemble avec tout ce que cela pourrait avoir comme lourdeur, nous le faisons maintenant à la fin en donnant un fichier, entretemps ils font faire aussi leur part », dit-il.
De façon plus explicite, la CENI inscrit les électeurs potentiels, les personnes âgées de 16 ans et au-delà. Ceux qui vont s’occuper du recensement de la population n’auront qu’à ajouter la population âgée de 0 à 15 ans. Il y a une complémentarité mais seulement les processus sont séparés.
A en croire Denis Kadima, le recensement de la population n’est plus un handicap pour l’inscription des électeurs.
« Ce n’est plus deux processus intégrés en un. La CENI va procéder à l’inscription des électeurs sans cette contrainte de devoir travailler avec les autres agences et institutions de l’Etat dans la mise en œuvre de ce projet. Ce n’est pas nécessaire de lier les deux processus», affirme-t-il.
Affaire des députés nommés…
Au cours de cette émission, Denis Kadima n’a pu éluder la question sur une vidéo devenue virale, dans laquelle ses propos, lors d’une matinée électorale regroupant des jeunes dans la grande salle du ministère des Affaires étrangères, ont été mal interprétés.
« Je pense que c’est ce qui arrive quand on vous balance un extrait. Ce qui s’est passé exactement, un jeune a posé la question de savoir si cette habitude d’avoir des élus nommés va continuer. Et ma réponse est celle-ci : si de telles pratiques avaient existé auparavant, elles ne se répéteront plus. Je tenais à donner la réponse aux jeunes gens, parce que c’est la majorité de nos électeurs. C’était pour dire si vous pensez qu’il y a eu ce type de pratique, si elles ont eu lieu effectivement comme vous le dites, sachez que ce n’est pas quelque chose qui se répétera », a précisé Denis Kadima, espérant être entendu de la même manière par tous.
Ce n’est pas tout. Le président de la CENI a eu également à répondre à une question sur sa nomination qui n’avait pas satisfait tout le monde.
«Je peux dire que c’est tout à fait normal, dans un pays polarisé comme le nôtre, où aucun candidat président n’a jamais été élu avec 50 %, personne n’a eu la majorité absolue. Ça signifie que nous sommes un pays polarisé. Personne ne peut avoir l’unanimité. Avant moi ceux qui ont été choisis à ce poste n’ont pas eu l’unanimité, et je ne pense pas que moi je l’aurai d’autant plus que Jésus lui-même n’a pas eu l’unanimité… », s’est exprimé le Denis Kadima.