Par CAS-INFO

La crise politique qui agite la RDC tourne au bras de fer. 24 heures après l’annonce du Chef de l’État de la future nomination d’un informateur pour identifier une nouvelle majorité au parlement, le FCC lui a répondu. La plateforme dirigée par l’ancien président Joseph Kabila assure ne « pas être concernée » par la décision de Félix Tshisekedi, et dénonce « l’intimidation ».

Le FCC fait bloc derrière le premier ministre

S’il a pris acte de la décision du président de la république de mettre fin à la coalition qui les liait depuis deux ans, il n’est pas question pour les membres du FCC de démissionner. « Il revient plutôt au CACH d’en tirer toutes les conséquences et de se retirer du gouvernement central et des institutions provinciales », a suggéré le mouvement de Joseph Kabila. Une manière de montrer qu’il détient toujours la majorité et n’entend pas se laisser faire.

Bousculé par un Félix Tshisekedi, gonflé à bloc, le FCC organise sa résistance en manœuvrant dans la Constitution. Selon l’article 78 de la loi fondamentale congolaise, le président de la république met fin aux fonctions du premier ministre « sur présentation par celui-ci de la démission de son gouvernement ». Or pour l’instant, une démission de Sylvestre Ilunga et son équipe est exclue. Autrement dit, pour concrétiser son projet de nommer un informateur, Félix Tshisekedi, devra donc compter sur la bonne foi de l’actuel cabinet, de partir volontairement. Mission quasi-impossible s’il l’on en croit le ton employé dans le communiqué du FCC et comme le premier ministre lui-même semble l’avoir signifié au président. Convoqué lundi en fin de journée, Sylvestre Ilunga est sorti de chez Félix Tshisekedi sans montrer un signe de celui qui s’apprêtait à rendre le tablier. Même si plusieurs constitutionnalistes proches du Chef de l’État sont unanimes sur le fait que ce dernier n’a pas besoin de la démission de son premier ministre sortant pour poursuivre son plan.

L’Assemblée nationale suspend les plénières

L’autre ténor du FCC qui refuse de rendre les armes c’est la présidente de l’Assemblée nationale. Tout comme l’ensemble de son Bureau, Jeannine Mabunda est visée par une procédure de destitution. La chute de cette ancienne ministre de Joseph Kabila porterait définitivement un coup fatal au clan de l’ancien président. D’où la multiplication par le FCC des manœuvres pour empêcher la tenue de toute plénière visant à l’évincer du Perchoir. Résultat, les incidents ont éclaté lundi entre les deux camps transformant l’hémicycle en véritable terrain de catch. Le Bureau de l’Assemblée nationale s’est engouffré dans cette confusion pour « suspendre » la tenue des plénières et des activités en commissions « jusqu’à nouvel ordre ». Pas sûr que cela suffise pour arrêter les auteurs de la pétition qui tiennent à convoquer une plénière ce mardi au Palais du peuple.

En seulement 48 heures, les deux géants du paysage politique congolais ont montré à quiconque avait encore de doute qu’ils sont prêts à tout pour préserver chacun ses intérêts. Félix Tshisekedi veut retrouver les pleins pouvoirs afin de terminer son quinquennat le mieux possible sans avoir à traîner sur son dos le fardeau Joseph Kabila et son FCC. Mais le chemin vers la disqualification totale de l’ex président semble encore parsemé d’embuches.