Par CAS-INFO

C’est la triste réalité et Denis Mukwege ne se gêne pas d’en parler. Invité ce mardi à Oslo pour  présenter le bilan de son action, une année après avoir été élu avec l’Iranienne Nadia Murad, Prix Nobel de la Paix 2018, le gynécologue congolais dresse un tableau toujours sombre de son pays.

«Au niveau de la République Démocratique du Congo (RDC), nous n’avons pas encore observé les dividendes du Prix Nobel de la Paix », regrette le gynécologue surnommé « homme qui répare les femmes »

Denis Mukwege parle de la situation sécuritaire qui se dégrade dans l’Est du pays, en Ituri, dans les Kivus mais aussi au Maniema. Il évoque aussi « des massacres qui se poursuivent chaque jour comme de simples faits divers ».

Vantant les résultats de son action à l’extérieur du pays où ses plaidoyers ont été entendus, M. Mukwege estime que pour pacifier les régions de l’Est du pays en proie à une insécurité cyclique, il faut notamment adopter des mécanismes permettant une traçabilité complète des lieux d’extraction dans les mines de l’Est du Congo jusqu’au produit fini acheté par les consommateurs dans les magasins du monde entier.

« C’est seulement dans ces conditions que la globalisation de l’économie pourra aller de pair avec l’universalité des droits humains et que nous pourrons enfin transformer les minerais de sang en minerais pour le développement endogène du Congo », a-t-il indiqué.

Denis Mukwege plaide aussi en faveur de la mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping du Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’Homme sur les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en RDC entre 93 et 2003.
« On ne pourra enrayer les cycles de violence et construire la paix en RDC sur des fosses communes et sur un déni de vérité et de justice », a-t-il déploré.

Par ailleurs, le tout premier congolais devenu Prix Nobel de la Paix appelle également à la mise en place d’un Tribunal pénal international pour la RDC. Il demande aussi aux autorités d’envisager des profondes réformes dans les secteurs de la sécurité et de la justice.

Rappelons que le Prix Nobel de la Paix, édition 2019 a été décerné à Abiy Ahmed, Premier ministre de l’Ethiopie.