Par CAS-INFO
Dans les lignes qui suivent, CAS-INFO, reproduit la réflexion de l’acteur politique Corneille Mulumba au sujet de la dégradation de la situation sécuritaire dans la région de Beni, à l’Est du pays. Co – fondateur de l’UDPS, M. Mulumba connu pour ses positions anti – impérialisme propose également des pistes de solution pour sortir de cette spirale infernale.
Beni est en train de partir, chers compatriotes
Les massacres des populations civiles, avec une très large diffusion d’images de corps sauvagement mutilés, n’a pour objectif final que de créer une psychose, de terroriser les populations locales en vue de les faire déguerpir.
Les espaces ainsi dégagés vont progressivement être repeuplés par des populations rwandaises, parmi lesquelles de nombreux militaires des FPR.
Le moment venu, et sous le prétexte officiel de protéger les populations civiles massacrées, l’ONU va décréter zone neutre tout cet espace « en vue de mettre fin aux tueries ». Et c’est la MONUSCO qui, conformément à son mandat, sera chargée de sécuriser cette zone neutre placée sous la protection de l’ONU. L’histoire nous rappelle le cas récent de Kosovo.
La MONUSCO et l’armée rwandaise « protégeant les populations locales », les économies occidentales et les sociétés multinationales pourront être rassurées quant à l’approvisionnement régulier en minerais stratégiques au moindre coût.
Pour rappel, les minerais stratégiques de la RDC, aujourd’hui pillés, sont fournis aux industries occidentales par le biais du Rwanda et de l’Ouganda, qui perçoivent en retour des dividendes et bénéficient d’une protection. Sous le costume des ADF-NALU et des FDLR se dissimulent en réalité des militaires rwandais et ougandais ; donc des personnes qui bénéficient d’informations stratégiques utiles et de moyens logistiques et technologiques conséquents que seul un Etat et une très grande organisation peuvent fournir. C’est pourquoi l’on parle d’une guerre de basse intensité et d’une guerre asymétrique.
Ne soyons pas distraits. La MONUSCO est une armée étrangère au service des grandes puissances et des multinationales. Nous n’en connaissons ni l’effectif réel, ni l’armement. Son budget annuel est de plus d’un milliard de dollars, financé pour l’essentiel par des grandes puissances ; particulièrement les Etats-Unis d’Amérique. Pour quel intérêt l’argent du contribuable américain viendrait financer notre sécurité ? Par amour des Congolais ? Par magnanimité ? Ou simplement par générosité ?
Ne soyons pas naïfs, au risque de continuer à perdre la vie de milliers de nos compatriotes et de voir cette partie du territoire national nous être définitivement arrachée.
Dans une course contre la montre
Nous sommes donc dans une course contre la montre. Sans être expert des stratégies militaires, le bon sens indique de prendre les quelques dispositions élémentaires ci-après :
1. Ordonner que la MONUSCO quitte immédiatement cet espace, dans une première étape, et la RDC, le plus tôt possible. On ne peut pas associer à des opérations militaires des troupes que l’on ne contrôle pas, que l’on ne commande pas ;
2. Permuter tous les militaires originaires de l’Est de notre pays avec ceux de l’Ouest ; officiers et simples soldats ;
3. Décréter l’Etat de siège dans tout le Grand-Nord :
a. Remplacer tous les administratifs (gouverneurs, Administrateurs de territoire, chefs de localité) par des militaires ;
b. Stationner une dizaine de soldats dans chaque village du Grand-Nord. Même s’il y avait 1000 villages, cela ne totaliserait que 10000 soldats ;
c. Décréter le couvre-feu de stricte application entre 18h00 et 6h00 dans tout le Grand-Nord ;
d. Exiger des chefs de groupement et des chefs de rue un rapport quotidien sur les déplacements des habitants : les arrivées, les départs, et les absences, même d’une journée ;
e. Exiger des populations locales le signalement de tout mouvement suspect ;
f. Engager les populations à dénoncer tous les comportements suspects ;
g. Déployer massivement le Service de Renseignements militaires dans tout le Grand Nord ;
h. Disposer des campements militaires dans toutes les carrières minières.
4. Déployer les FARDC sur toute la longueur de la frontière avec les pays voisins de l’Est en vue de couper les terroristes de leurs bases-arrières ;
5. Mobiliser la population de toutes des grandes villes de notre pays dans des marches et des veillées en vue d’exprimer notre colère, de témoigner la solidarité, de renforcer la cohésion nationale, et
d’encourager nos compatriotes ;
6.Traduire devant la justice militaire pour haute trahison tous les acteurs politiques et tous les militaires convaincus de trahison et leur infliger les châtiments les plus sévères ;
7. Constituer au sein des FARDC un service spécialisé chargé de traquer les traitres et les infiltrés. Au besoin, et par mesure de sécurité, mettre préventivement à la retraite anticipée tous militaires et tous officiers sur lesquels persistent des doutes ;
Ressaisissons-nous, peuple congolais. Il n’y a pas de miracles. Seule une action volontariste peut permettre d’épargner la vie de nos compatriotes et préserver l’intégrité du territoire national.
Nous sommes dans une course contre la montre.
Fait à Kinshasa, le 6 décembre 2019
Corneille Mulumba
Membre co-fondateur de l’UDPS