Par Badibanga Poivre D’Arvo

Des voix commencent à s’élever pour décrier les conditions de vie des détenus dans cette maison carcérale. La société civile, bureau urbain, lève le ton pour dire que la situation des détenus est plutôt méchante, cruelle et dégradante. Selon son président, Zozo Sakali, au lieu que les concitoyens déviants soient transférés en prison pour le besoin de rééducation, ils y vont pour laisser leur peau. Malades, mal ou pas soignés, ils perdent toutes les chances de survivre.

Le médecin responsable de la prison centrale de Bukavu, Dr Pamela Muhindo , confirme cette triste réalité. « Dans cinq locaux déjà vétustes où sont hospitalisés les patients, il n’y a pas de lit. Ils dorment à même le sol, au mieux, sur les nattes. Bref, la prise en charge est difficile ».

En fait, cette prison n’est plus approvisionnée en médicaments ni d’autres intrants médicaux de base. Depuis le désengagement du comité international de la croix rouge, CICR à aider médicalement cet établissement carcérale fin 2018, aucune assistance n’est apportée jusque-là par le gouvernement provincial. Insouciance politique, dit-on dans le sillage du ministère de la justice et celui de la santé !

La prison donne l’image d’une coquille vide faute même des comprimés à administrer aux malades malgré des maladies qui touchent des dizaines des détenus. Le chiffre est alarmant, souligne le personnel soignant. « 13 cas de VIH, 325 cas de malnutrition 23 cas de tuberculose et plus de 45 décès depuis janvier 2019 ».

Dr Pamela musimwa Muhindo ajoute qu’à cause du silence des politiques qui relèguent au dernier plan la santé des détenus, le staff des médecins et infirmiers a amorcé une grève sèche pour exiger une solution urgente.

Unanimes, agents de santé et acteurs de la société civile craignent que la liste des personnes décédées s’allonge dans les jours à venir si rien n’est fait. Le ministre de la justice indique, aux dernières nouvelles, avoir déjà soumis ce cas à l’exécutif sans davantage de précision.

Cette prison qui se mue, peu à peu, en mouroir est surpeuplée, faisant ainsi courir le risque de perte en vies humaines. Actuellement, 1849 détenus y sont confinés dépassant très largement la capacité d’accueil de plus ou moins 500 personnes, d’après des sources concordantes.