Par Jean Pierre K
Élus le 15 mars par des députés régionaux à la suite des élections indirectes émaillées de soupçons de corruption, les sénateurs congolais vont à leur tour, élire ce samedi, les membres du bureau définitif de cette deuxième chambre parlementaire du pays.
Un scrutin direct qui oppose à la présidence, deux caciques de l’ancien régime mais porteur de plusieurs enjeux pour un pays dont la première alternance pacifique intervenue début janvier est encore fragile.
La majorité Kabiliste mise à rude épreuve
Après sa débâcle à la présidentielle de l’an dernier, l’ancien régime Joseph Kabila a réussi une véritable « razzia » dans les assemblées législatives.
L’ancien président, devenu lui-même sénateur à vie tient à sa majorité parlementaire pour faire passer certaines réformes ou bloquer notamment la révision du code minier, qu’il considère comme son plus grand héritage légué à ce pays qui l’a porté au sommet du pouvoir à seulement 29 ans, après l’assassinat de son père.
Pour ça, il ne se prive d’aucun moyen
il a tout fait pour faire élire fin avril, l’ancienne ministre du portefeuille, Jeannine Mabunda au perchoir de l’assemblée nationale contre le député tonitruant Henry Thomas Lokondo.
Mais l’histoire a du mal à se répéter à la chambre sœur du sénat où Modeste Bahati, chassé du FCC, a maintenu sa candidature contre « pressions et intimidations » de son ancienne famille politique.
Thambwe Mwamba ou fidélité récompensée ?
L’alliance pro Kabila aligne à ces élections comme tête de liste, l’ancien ministre de la justice, Alexis Thambwe Mwamba. À 76 ans, ce juriste formé à Bujumbura a réussi à se rendre indispensable ou carrément incontournable dans l’entourage de l’autorité morale du FCC. Quand il s’agit des négociations délicates, c’est Thambwe qu’on envoie, explique à CAS-INFO, un cadre du Front Commun. On l’a vu à l’œuvre en 2016 pendant les deux dialogues de la cité de l’OUA ou du centre catholique interdiocesain. Ministre de la justice, il a été pour beaucoup dans les ennuis judiciaires des opposants Diongo,Muyambo, Diomi ou encore Katumbi.
Socialement stable, le diplomate qui a été également minisre du dictateur Mobutu est accusé par ses détracteurs d’être imbu de lui-même. Indépendant, sans parti politique, il est l’une des rares personnalités cooptées par Joseph Kabila. Sa défaite ce samedi, sera celle de tout un clan, la démystification du système Kabila.