Katumbi, exilé

Lorsque le 20 Mai 2016, certificat médical en appui, Moïse Katumbi Chapwe, poursuivi pour « atteinte à la sureté de l’État » dans un dossier de recrutement présumé de mercenaires, sollicitait l’autorisation d’aller se faire soigner à l’étranger, tous les commentateurs y ont vu un exil forcé. Une manière pour le Pouvoir d’éloigner, pour une longue durée, ce nouvel opposant un peu trop ambitieux et populaire.

Le tenir éloigné et moins menaçant. Un an après, cette stratégie semble en réalité avoir produit un effet pervers. Jamais, un opposant a été aussi actif sur la scène internationale que l’est l’ancien Gouverneur du Katanga depuis plus de 12 mois. De Washington à Genève en passant par Bruxelles et Paris, Moïse Katumbi consulte, contacte et …accuse.

Plainte et sanctions

Alors que l’Union européenne vient de prendre des sanctions contre neuf personnalités proches du chef de l’État ce 30 mai 2017 (pour lesquelles Kinshasa le soupçonne d’avoir joué un rôle), 3 jours plus tard, accompagné de son avocat, l’opposant congolais enfonce le clou d’un acte symbolique en déposant, devant le comité des droits de l’homme à Genève, une plainte contre le chef de l’État pour « acharnement contre sa personne et ses proches ».

Le Pacte permanent des droits civils n’a aucun moyen de contraindre un État souverain à autoriser le retour au pays de l’opposant. Mais en s’affichant, devant le siège de l’ONU, aux côtés de son célèbre avocat, auteur des acquittements dans des dossiers à retentissement international, Moïse Katumbi a joué à l’image. Celle d’un homme debout et qui répond coup pour coup.




Comme ce 13 juillet 2017 à Washington, lorsqu’il pose avec Darryl Lewis. Son ancien garde du corps, arrêté dans l’affaire de « mercenaires » avant d’être relâché, profite de cette occasion pour annoncer qu’il venait de déposer une plainte contre le ministre de la Justice pour torture et séquestration (le même Alexis Thambwe Mwamba désormais sous le coup d’une procédure de la Justice belge dans une autre affaire). Katumbi lui, rencontre dans le même temps des membres de la chambre des représentants et plaide pour des sanctions ciblées. Le même plaidoyer qu’il présente à Bruxelles auprès de l’Union européenne les semaines et les mois qui ont suivi. Résultat, tout le monde le connait. Katumbi ou non, l’Union européenne et les États-Unis ont frappé au porte-monnaie.

Un exilé un trop présent sur la scène nationale

Contrairement à un Étienne Tshisekedi que Mobutu envoyait de temps en temps séjourner en prison et que M’zée reléguait dans son village natal Kabeya Kamwanga pour limiter ses capacités de mouvement, Moïse Katumbi est un exilé des temps modernes qui intervient presque régulièrement et directement dans le débat national. Sans poser son pied à Kinshasa.




Fort de ses 250 mille abonnés sur twitter, véritable armée de « retweeters », l’opposant envoie quand il le veut des messages politiques galvanisant à plusieurs reprises ses troupes depuis le réseau social à l’oiseau bleu. Comme s’il n’avait jamais été absent du pays.

Contraint à l’exil dans un calcul de le voir disparaitre et se faire oublier par l’opinion, Moïse Katumbi qui se prépare désormais à rendre public son programme de campagne axé sur sa volonté de remettre le Congo au travail, selon ses proches, n’a jamais été aussi candidat. Et menaçant…Pourtant toujours disqualifié.

One thought on “RDC : comment, exilé, Moïse Katumbi aura représenté, plutôt, un « danger » pour le Pouvoir”
  1. on meure comme on a vécu. c’est son travail qui le rattrappe. si à1998 il clame son innocence comme simple porte-parole, aujourd’hui que ne fait-il pas subir aux pauvres congolais comme ministre de la justice. qu’il subisse ce qu’il fais subir aux autres.

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